Lettre à Joseph à l’occasion de sa fête, le 19 mars

Mon cher Joseph,
Tu permets que je te tutoie,
et que je t'appelle par ton prénom.
Toi le charpentier, tu ne fais pas de manières.
Aujourd'hui, je ne sais plus comment m'en sortir.
Les soucis m'accablent tant.
Alors laisse-moi s'il te plait un instant
m'abriter dans ton atelier et m'y reposer.
La douceur de la lumière,
et la quiétude apaisent déjà mon regard fatigué
et mes bras brisés par toute cette haine
et cette souffrance présentes dans ce monde si cruel.

L'olivier, le camphrier, le citronnier...
embaument de leur présence ton atelier si accueillant.
Leurs senteurs délivrent mon esprit
des torpeurs de l'angoisse de l'avenir.
Le tapis de sciure et de copeaux sur le sol
m'invite à faire quelques pas de plus.

Tu es là sans doute, car j'entends le crissement des outils
qui patiemment façonnent le bois et donnent vie aux objets.

Une ombre courbée s'allonge
et s'étire doucement sur le mur.
Lentement, venant de l'obscurité,
sort une ombre plus fine et plus haute.
Elle se penche à côté de la première
comme pour l'accueillir.
Les outils se taisent, les ombres se rapprochent.
Seule la tienne bouge.
L'autre, immobile semble attendre.
Puis, avec application,
les mains fines de la longue silhouette,
guidées par les tiennes reprennent docilement tes gestes.
Je n'ose vous déranger.
M'avançant encore un peu,
je devine davantage vos deux silhouettes.
Tes mains guident et montrent dans le silence
apaisant d'un soir parfumé d'espoir et de paix.
Joseph, maintenant, je suis enfin apaisé,
car si tu Lui as tout appris ainsi,
tu sauras ce soir Lui dire toute notre détresse.
Et une fois encore, il t'écoutera...

Merci Joseph.

Jean-Eudes Sampre

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