Un an de pontificat du pape François, « le bon pasteur » !
13 mars 2014Si Benoît XVI était avant tout un théologien, le pape François, lui, est d’abord un pasteur, le « curé du monde », comme l’a si bien décrit Mgr Alfred Xuereb, secrétaire général du Conseil pour l’Economie du Vatican.
Il n’a fallu que quelques minutes au pape François pour marquer sa différence et séduire les catholiques du monde entier. Sa simplicité, son humilité et sa bonhommie l’ont effectivement rendu très vite sympathique à leurs yeux, si bien que beaucoup l’ont aussitôt comparé au bon pape Jean, qui sera canonisé le 27 avril prochain, en même temps que Jean-Paul II. »Cette façon que François a de vouloir être proche des gens, proche du peuple, le refus d’une certaine pompe romaine, un style beaucoup plus simple, plus évangélique, tout ça le rapproche indiscutablement de Jean XXIII« , confirme l’historien français Philippe Chenaux.
Ce qui est sûr, c’est que le pape argentin a très vite compris, à l’instar de son illustre prédécesseur, que, pour toucher les gens, il fallait des actes, des gestes forts. Ainsi, à peine élu, renonce-t-il, à la limousine du Vatican et choisit-il ensuite de résider à la résidence Sainte-Marthe, où il logeait pendant le conclave, plutôt que d’emménager dans l’appartement pontifical de 300 mètres carrés. Il n’hésite pas non plus à improviser lors de ses homélies ou à bousculer le protocole, quand l’envie lui prend. Et l’on pourrait multiplier les exemples tant François est imprévisible dans ce domaine.
Un courant d’air frais dans l’Eglise
En un an, le nouveau pape a donc réussi à insuffler un courant d’air frais dans l’Eglise. Sans révolutionner le fond de la doctrine, il a en effet bousculé beaucoup d’habitudes sur la forme. Sa formule « Le pape est une personne normale » plaît. Résultat : sa popularité, notamment sur les réseaux sociaux, est énorme, y compris dans les milieux non croyants. Ce changement de style n’est toutefois pas du goût de tous dans le petit monde feutré du Vatican. « Certains pensent qu’il désacralise la fonction de pape, que le pape devient trop accessible, trop proche« , affirme Andrea Tornielli, coordinateur du site Vatican Insider.
Heureusement, tout le monde ne voit pas les choses de la même façon à Rome. Certains prélats apprécient, en effet, beaucoup le côté pastoral du nouveau pape. C’est notamment le cas de Mgr Alfred Xuereb, nommé récemment secrétaire général du Conseil pour l’Economie du Vatican. « Je vois en François le missionnaire qui appelle à lui la foule, cette foule qui peut-être se sent perdue, avec l’intention de la ramener au cœur de l’Evangile », explique-t-il sur les ondes de Radio Vatican. « Il est devenu – pour ainsi dire – le curé du monde et il encourage tous ceux qui se sentent loin de l’Eglise à revenir avec la certitude qu’ils trouveront leur place dans l’Eglise. Il voit dans le cléricalisme et dans la casuistique de gros obstacles à ce que tous puissent se sentir aimés par l’Eglise, accompagnés par elle. »
Une Eglise mère et pasteur
Enfin, si le pape François tient tellement à se montrer proche des gens, c’est parce qu’il attend la même chose des membres du clergé. « Je rêve d’une Église mère et pasteur« , a-t-il récemment confié dans une interview. « Les ministres de l’Église doivent être miséricordieux, prendre soin des personnes, les accompagner comme le bon Samaritain qui lave et relève son prochain. (…) Les réformes structurelles ou organisationnelles sont secondaires, c’est-à-dire qu’elles viennent dans un deuxième temps. La première réforme doit être celle de la manière d’être. Les ministres de l’Évangile doivent être des personnes capables de réchauffer le cœur des personnes, de dialoguer et cheminer avec elles, de descendre dans leur nuit, dans leur obscurité, sans se perdre. »
Pascal ANDRE