Belles Fêtes de Pâques

Il est ressuscité !

Au Golgotha, les disciples de Jésus pensent que leur rêve est anéanti. Une tristesse de mort leur glace le sang. Le pire a triomphé. Cléophas et son compagnon fuient la ville du désastre, Thomas et Pierre pleurent leur lâcheté. Le pouvoir politique, les responsables religieux, la voix du peuple, se sont trouvés unanimes pour dénoncer comme imposteur notre rabbi itinérant, notre Maître ! Cet homme que Dieu semblait avoir accrédité, comblé de Son Esprit, c’est Dieu Lui-même qui l’a désavoué. Le Royaume annoncé est mort-né. Le Messie, l’imprégné de Dieu, ce n’était pas lui.

Jamais on n’a ressenti un échec plus lamentable. Jamais l’humanité n’avait conçu un rêve aussi grandiose. Les promesses des prophètes allaient enfin s’accomplir. La fraternité et la paix pouvaient prendre forme. « Le loup habitera avec l’agneau » (Isaïe 11, 6). Jésus disait que l’amour était une question de vie ou de mort. Il portait sur les humiliés un regard qui les réhabilitait. Etait-il un menteur ou un illuminé ? Quel jeu jouait-il ? On disait du Messie que sa Parole ferait disparaître le méchant ! Or il avait suffi des cris d’une foule exaltée et de la lâcheté d’un petit préfet colonial pour en finir définitivement avec lui. Ses prétentions messianiques n’étaient donc qu’un mirage.

Et puis voilà que dans ce silence et cette nuit de la honte et du désespoir, l’inespéré a commencé à poindre. Marie-Madeleine, Simon-Pierre, Jean ont vu l’énorme pierre roulée. Ils ont vu surtout dans le tombeau un signe qui ne trompe pas. Le corps n’a pas été dérobé. C’est une évidence. Sinon on l’aurait emmené avec le drap qui lui collait à la peau. Or le linceul est là, vide ! Et bientôt, celui que l’on croyait mort est apparu en chair et en os.

Thomas, qui a gardé pour toujours la réputation de l’incrédule, reconnaît Dieu en cet homme. « Mon Seigneur et mon Dieu ! », s’exclame-t-il, ahuri de bonheur. Les disciples d’Emmaüs racontent en bafouillant de joie ce qui leur est arrivé. Ils l’ont reconnu à l’enthousiasme de sa parole et à « la fraction du pain ». Pierre, Jacques, les onze, plus de cinq cents personnes l’ont vu, de leurs yeux vu. La joie surnaturelle qui les a saisis ne les quittera plus désormais. Même sous la torture, ils n’en démordront pas. « Nous ne pouvons pas ne pas parler ! » Il a fallu qu’on leur arrache la langue pour qu’ils se taisent.

"Hallucination collective !", disent les sceptiques. Si les hallucinations pouvaient produire la bonté chez les hallucinés, cela se saurait tout de même ! Quel motif aurait bien pu les pousser à monter une telle supercherie ? Ils auront à payer de leur vie leur témoignage. Les apôtres auraient-ils pu consentir à la honte, au déshonneur, à la torture, à la mort, pour un imposteur ? Cette hypothèse est bien plus invraisemblable que la résurrection !

La résurrection de Jésus a modifié le déroulement du monde au point que l’on a fait de cet événement la charnière du temps, l’axe de l’histoire. La naissance et la mort des empires s’organisent avant et après Jésus-Christ. La Révolution française a tout fait pour remplacer ce calendrier. Elle n’a pas réussi. Nous sommes bien aujourd’hui en 2012 de l’ère chrétienne.

Jésus, parce que tu es ressuscité, tous les chrétiens reconnaissent que tu es là, ici, maintenant, plus vivant que jamais. Tu es présent dans la communauté de ceux qui témoignent d’une certaine qualité de tendresse et de solidarité. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra comme mes disciples », nous as-tu dit. Puissions-nous ne pas te trahir !

Ta résurrection a scellé l’authenticité de ton enseignement. Tu n’es pas, pour nous, un simple sage parmi les sages, homme génial parmi les génies, superstar parmi les stars. Ce sont les pensées et les projets de Dieu que révèlent chacune de tes paroles, chacun de tes gestes. L’expression "parole d’évangile" est devenue le critère de la Vérité. Lorsque tu dénonces notre promptitude à juger et notre avarice de cœur, c’est l’Eternel Lui-même qui proclame les vraies valeurs. Lorsque tu nous parles de la tendresse du Père, tu nous libères des fausses images de l’Absolu.

Stan Rougier

Prêtre, écrivain, conférencier

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