Ces Israéliens qui refusent de combattre pour Tsahal
28 juil. 2014Déserteurs, objecteurs de conscience, ils ne veulent pas combattre dans les territoires palestiniens. Ces jeunes "refuzniks" risquent la prison.
Dans cette lettre, publiée sur le site Yesh Gvul ("Il y a une limite"), une organisation qui soutient les objecteurs de conscience, et relayée par Le Point.fr, ils dénoncent"les violations des droits de l'homme en Cisjordanie, la construction des colonies, les détentions administratives, la torture, les punitions collectives et une répartition injuste de l'eau et de l'électricité". Selon ces jeunes, "tout service militaire perpétue la situation actuelle. Et de ce fait, nous ne pouvons prendre part à un système qui se livre à de tels actes".
L'initiative est risquée. Très mal perçue par l'opinion israélienne, la désertion est passible de peines de prison, que les tribunaux n'hésitent pas à prononcer. Gilad, un réserviste de 32 ans, a fui Israël cinq jours après avoir été appelé par l'armée. Interrogé par Mediapart, il explique ne pas vouloir "donner [son] nom à des mesures brutales qui auraient pu être facilement évitées". "Ce qui me gêne, c'est le fait que la seule politique d'Israël vis-à-vis de Gaza revient à frapper [les Palestiniens] tous les deux ans, sans leur donner aucune alternative", explique-t-il.
"Un mouvement qui se développe fortement"
Gilad, qui ne se dit pas pacifiste – "les guerres sont parfois nécessaires" – et n'appartient à aucun mouvement de refuzniks – "il s'agit d'un acte personnel" – présente sa décision comme "un acte moral". "Les guerres censées compenser une politique négligente au détriment des innocents sont immorales", tranche-t-il.
Le trentenaire est loin d'être le premier à se soustraire aux obligations qui incombent aux citoyens de l'Etat hébreu. Si Gilad a choisi de ne pas faire la guerre, certains jeunes refusent carrément d'effectuer leur service militaire (de 3 ans pour les hommes et de 2 ans pour les femmes).
"Les refuzniks sont souvent objecteurs de conscience, pacifistes ou refusent de combattre dans les territoires occupés. D’autres, souvent pour des raisons personnelles (études, travail…etc) préfèrent également se soustraire à cette obligation. C'est un mouvement important, qui se développe fortement, bien que l'objection soit mal acceptée dans ce pays", écrivait en 2009 le photographe Martin Barzilai, qui a réalisé une galerie de portraits de ces jeunes objecteurs de conscience.