L'archevêque de Bangui appelle les « forces vives » du pays à s'unir pour sauver les Centrafricains
17 juil. 2014Entretien - L’organisation d’un forum à Brazzaville au Congo du 21 au 23 juillet, pour régler la crise centrafricaine ne fait pas l’unanimité. A quelques jours de son ouverture, des responsables politiques et religieux ont déclaré qu’il était « inopportun » et « pas une véritable solution à la crise ». Le groupe de travail de la société civile centrafricaine, qui partage la même position, a déjà annoncé qu’il boycotterait ce rendez-vous.
Un rendez-vous auquel tient Mgr Dieudonné Nzapalainga. L’archevêque de Bangui en République Centrafricaine croit en l’utilité de ce forum. Il a appelé les « forces vives » du pays à y participer.
Que répondez-vous à ceux qui ne croient pas en ce forum ?
Je reviens de Brazzaville. J’ai rencontré des réfugiés qui m’ont dit : « nous voulons parler pendant une semaine pour demander à tous les belligérants s’ils peuvent arrêter avec les armes. Nous voulons rentrer en République Centrafricaine pour reprendre notre vie quotidienne ».
Ce genre de témoignage vous touche et vous ne pouvez que demander de ne pas laisser traîner la situation mais au contraire, de se réunir et de trouver rapidement une solution pour libérer nos frères qui sont quelque part, en prison, en exil.
Et ils veulent retrouver leur liberté en étant chez eux, vaquer à leurs occupations et reprendre le chemin de l’école, reprendre le chemin des activités. Ce sont les désirs, les revendications que les femmes et les hommes expriment. Je pense qu’il est temps pour nous aussi de nous lever, de faire de bonnes propositions, d’aider notre peuple. L’intérêt national doit primer sur l’intérêt égoïste et je le redis, c’est l’intérêt national qui doit nous guider pour sauver notre peuple.
Qu’attendez-vous concrètement de ce forum ?
Que les gens qui pourront venir soient des gens honnêtes, sincères, intègres et qui vont proposer des actes qui auront des répercussions sur le terrain. Et nous espérons que ces gens soient de véritables leaders, avec un message à communiquer. Nous attendons de ce forum que les Centrafricains puissent se voir en face, se dire les choses et aussi, poser les jalons pour un lendemain meilleur. Qu’on puisse dire qu’en Centrafrique, il fait beau vivre.
Nous attendons aussi que des décisions soient prises et que la Communauté internationale s’engage résolument à ce que le cessez-le-feu devienne une réalité. Ça veut dire qu’il n’y ait pas mille interprétations des résolutions prises par l’ONU. Nous attendons aussi qu’on puisse réaliser les engagements qui ont été pris, les promesses qui ont été faites, qu’on puisse les réaliser pour aider la population au niveau humanitaire, au niveau sécuritaire, éducatif et politique.
Et pour terminer, avez-vous quelque chose à ajouter ?
Je pense à tous ces malades qui n’ont plus de médicaments, à tous ces gens qui errent dans la brousse, à tous ces enfants qui ne vont plus à l’école. Pour ceux-là, rien que pour eux, nous devons faire des concessions, engager de vrais négociations, non seulement pour nous libérer mais aussi pour libérer nos frères et leur donner la possibilité de goûter à la paix et être heureux en terre centrafricaine.
Audrey Radondy