Les « femmes de réconforts » coréennes invitées à la messe du Pape à Séoul
03 juil. 2014Photo : anciennes femmes de réconfort coréennes manifestant devant l'ambassade du Japon à Séoul le 30 mars 2011
C’est un chapitre douloureux de l’histoire de la Corée au XXe siècle. Celui des « femmes de réconforts », ces Coréennes qui furent enrôlées de force dans les bordels de l’armée japonaise qui occupait la péninsule depuis 1910. Le sort de ces femmes marque encore les relations entre la Corée du Sud et le Japon.
70 ans après, leur histoire devrait être abordée pendant la visite du Pape François en Corée du Sud en août prochain. Elles ont en effet été invitées par l'archevêque de Séoul, le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, à la messe que célébrera le 18 août le Pape à Séoul ont indiqué les organisateurs. Lors de cette messe en la cathédrale Myeongdong, le Pape François devrait lancer un message spécifiquement adressé à ces femmes maintenant très âgées.
Les précisions de Xavier Sartre :
Femmes de réconfort : c’est par cet euphémisme que le Japon désignait ces jeunes femmes enlevées à leur famille pour servir d’esclaves sexuels dans les bordels de ses armées. Des Coréennes, mais aussi des Chinoises, des Philippines ou des Indonésiennes. Tous les peuples conquis par les armées japonaises depuis 1934 ou annexés comme la Corée, ont servi de réservoir humain pour satisfaire les besoins des troupes japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale.
Selon les estimations des historiens, 200 000 femmes auraient été ainsi enrôlées. Un drame humain qui marque encore les relations entre le Japon et ses voisins. En 1993, Tokyo a présenté des excuses officielles. Mais les déclarations ambiguës de certains hommes politiques japonais sur cette question entretiennent la colère des Coréens.
L’invitation donnée aux 54 survivants de cette tragédie humaine pour assister à la messe du Pape dédiée à la paix et à la réconciliation, permet de faire la lumière sur cette souffrance de tout un peuple, et sur la souffrance de ces femmes, souvent mineures à l’époque des faits. Elle permet de donner la parole ou de faire surgir la parole sur une blessure qui a rongé la vie de ces femmes bien après la fin de la guerre, entre honte, maladie, troubles physiques ou psychologiques.