Mort du pasteur Christian Führer, héros de la chute du mur de Berlin

Le pasteur de l’église Saint-Nicolas de Leipzig avait été à l’origine des manifestations qui entraînèrent la chute du mur de Berlin.

Dans le cœur des Allemands, il restera le pasteur aux cheveux en brosse, à la veste en jean et à la mallette couverte d’autocollants. Christian Führer, l’un des hommes par lesquels la chute du mur de Berlin est arrivée, est mort lundi 30 juin à l’hôpital universitaire de Leipzig des suites d’une maladie. Il avait 71 ans.

La « révolution pacifique » qui devait mener à l’effondrement du régime communiste est-allemand avait commencé le 9 octobre 1989, à la sortie des prières pour la paix animées chaque lundi dans l’église Saint-Nicolas de Leipzig par ce pasteur.

Ce lundi-là, deux jours après des émeutes durement réprimées par le régime, 70 000 personnes avaient attendu Christian Führer autour de l’édifice, une bougie à la main. Défiant une police secrète prise de court, la foule avait défilé en silence dans les rues. Aucun coup de feu n’avait été tiré. Les heures du régime est-allemand étaient comptées. Un mois plus tard, à Berlin, une manifestation monstre entraînait la chute du mur, le 9 novembre.

« LA RUE ET L’AUTEL DOIVENT ALLER ENSEMBLE »

Le héros de 1989 n’avait rien perdu de sa verve militante. Dès 1991, Christian Führer a été à l’origine d’une « initiative » afin de faciliter l’intégration des chômeurs. L’église Saint-Nicolas, où il fut pasteur jusqu’à sa retraite, en 2008, a mis notamment en place un service d’aide avec des cours gratuits de langues et d’informatique.

Marqué durant sa jeunesse par la prégnance de l’idéologie marxiste, celui qui se disait « conquis par le verbe de Jésus » critiquait les ravages d’une économie de marché centrée sur le seul profit.

Cet apôtre de la non-violence ne perdait pas de vue les enjeux extérieurs. À la longue, Christian Führer forgea son credo. « Que ce soit dans le mouvement contre le régime communiste en 1989, contre la guerre en Irak en 2003 ou la réforme du marché du travail en 2004, notre expérience, c’est que les athées se mélangent avec les croyants. La rue et l’autel doivent aller ensemble, à l’exemple de Jésus qui vivait au milieu des pauvres. »

Samuel Lieven

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