De hauts responsables musulmans ont signé ce mardi un "appel de Paris" pour défendre ces "frères en Dieu", les chrétiens d'Orient .
09 sept. 2014L'islam de France affiche sa solidarité envers les chrétiens d'Orient : de hauts responsables musulmans ont signé mardi un "appel de Paris" pour défendre ces "frères en Dieu" et tenter d'empêcher des jeunes de tomber dans le jihadisme. Le texte, signé à la Grande mosquée de Paris, est porté par la coordination Chrétiens d'Orient en danger (Chredo), le président du Conseil français du culte musulman (CFCM, instance de représentation des 3,5 à 5 millions de musulmans de France) Dalil Boubakeur et ses vice-présidents Anouar Kbibech et Ahmed Ogras.
Un "acte symbolique, fraternel, de solidarité et d'humanité" envers les chrétiens d'Orient
"Les signataires tiennent à réaffirmer leur soutien aux frères chrétiens d'Orient, pour la plupart arabes, ainsi que pour toutes les autres minorités de la région, qui sont victimes actuellement d'une grave campagne destructrice menée par ces groupes terroristes menaçant leur existence même", souligne cet "appel de Paris". Le recteur de la Grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur a évoqué devant la presse un "acte symbolique, fraternel, de solidarité et d'humanité" envers les chrétiens d'Orient, ces "frères en Dieu".
Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, chargé des cultes, a salué cette initiative, qui "constitue un démenti apporté à ceux qui s'efforcent d'établir des amalgames entre le terrorisme et la religion musulmane, au risque de dresser les Français les uns contre les autres". Cette "déclaration solennelle" s'accompagne d'un "plan d'actions", a assuré le président de la Chredo, Patrick Karam. Ainsi, les "mosquées de France et d'Europe" seront appelées à dire des prières lors du prêche de vendredi prochain en solidarité aux chrétiens d'Orient, selon un communiqué. En outre, une "conférence internationale" sur ce sujet se tiendra à Paris, probablement le samedi 6 décembre, avec autour de la table des religieux, laïcs, diplomates et responsables gouvernementaux.
"Nous appelons les musulmans de France et les plus jeunes d'entre eux à ne pas se tromper de combat"
Les signataires de l'"appel de Paris" entendent également prendre "à témoin la communauté musulmane pour demander à tous les responsables politiques de redoubler de vigilance face aux menées subversives qui ciblent les jeunes musulmans d'Europe, particulièrement les plus fragiles d'entre eux". Selon une source proche du dossier, plus de 900 personnes françaises ou résidant en France projetteraient de partir en Syrie et en Irak pour combattre dans les rangs jihadistes, y sont déjà, sont en transit ou en sont revenues. "Nous appelons les musulmans de France et les plus jeunes d'entre eux à ne pas se tromper de combat.
Leur véritable jihad n'est pas en Syrie ou en Irak, il est en France: c'est le combat de l'intégration, de la réussite sociale, du vivre-ensemble", a souligné Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF), qui dit représenter 550 mosquées. Les responsables musulmans de France ne sont toutefois pas parvenus à parler d'une seule voix sur le sujet des chrétiens d'Orient. Tout en condamnant fermement les "crimes" des jihadistes de l'Etat islamique (EI), l'Union des mosquées de France (UMF) de Mohammed Moussaoui, ancien président du CFCM, ne s'est pas jointe à "l'appel de Paris", pas plus que l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), réputée proche des Frères musulmans. Quant au recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, souvent critique envers le CFCM, il a, dans un communiqué, enjoint ses responsables à aller plus loin en prenant "rapidement l'initiative d'un rassemblement national pour dénoncer toutes les forces obscures qui exploitent l'islam".