Mgr Bernard Housset et les divorcés remariés
03 sept. 2014Dans un éditorial publié sur le site de son évêché, l'évêque de La Rochelle reprend à son compte les arguments d'un jésuite belge, soucieux de faire réfléchir l'Église sur la question des divorcés remariés.
La première partie du synode sur la famille qui se tiendra à Rome du 5 au 19 octobre continue d'alimenter les débats.
En France, Monseigneur Bernard Housset, évêque de La Rochelle et Saintes a tenu, dans un long éditorial sur le site internet de l'évêché, à préciser sa réflexion sur les unions des personnes de même sexe, mais surtout à relancer une question très discutée, celle des divorcés remariés.
Ainsi, en reprenant les arguments d'un jésuite belge, Monseigneur Housset semble se montrer favorable à une ouverture de la part de l'Église dans ce débat. Il tire en effet ses réflexions d'un article publié en mars dans la revue Études, et écrit par le père jésuite Philippe Bacq.
La « personne » de l'autre
La première réflexion du père Bacq constate la méconnaissance de la « loi naturelle » sur laquelle s'appuient la théologie catholique et la réflexion sur le mariage. Tout en proposant de réfléchir à nouveau sur le mariage à partir de cette loi naturelle et de Saint Thomas d'Aquin, le jésuite met en évidence la « personne de l'autre » considérée comme un « absolu à respecter », et cela quelle que soit l'orientation sexuelle, précise Monseigneur Housset qui, à l'instar du père Bacq, réfléchit sur les unions des personnes du même sexe.
« Peut-on faire de la distinction sexuelle un absolu qui passerait avant le principe premier de la loi naturelle : se faire du bien l’un l’autre, être providence pour soi et pour l’autre ? s'interroge le père Bacq. Ne donne-t-on pas la priorité à une détermination corporelle, certes très importante, mais pas absolue, au détriment de la personne, considérée dans ce qu’elle a d’unique ? »
La question des divorcés remariés
Toujours en s'appuyant sur les mêmes réflexions, Monseigneur Housset rappelle la position traditionnelle de l’Église selon laquelle si l’on se remarie après un divorce, on ne peut plus recevoir l’Eucharistie, car « le sacrement de mariage est indissoluble ».
Certes, il existe le recours en nullité, précise l'évêque, mais celui-ci est loin de satisfaire de nombreux couples séparés « qui sont persuadés que leur vie de couple n’a pas été nulle, n’a pas compté pour rien ».
« La position du Magistère catholique pourrait-elle évoluer ? Trois textes du Nouveau Testament sont au fondement de la doctrine traditionnelle », explique le père Bacq.
« Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt 19,6 ; Mc 10,9 ; cf Luc 16,18), phrase qui « rappelle le vœu de tout amour véritable : que les époux ne se séparent pas. Désir humain qui correspond au désir de Dieu. »
Le chapitre 5 de la lettre aux Éphésiens qui « indique la signification mystique de l’union conjugale. La fidélité de l’homme et de la femme renvoie à la fidélité du Christ pour son Église. Mais peut-on passer de cet ordre symbolique à une détermination juridique ? »
Enfin, la première lettre aux Corinthiens dans laquelle saint Paul rappelle « Que la femme ne se sépare pas de son mari et que le mari ne quitte point sa femme » (7, 10-11). La loi est nécessaire « dans les situations de déviance volontaire, explique le père Bacq toujours repris par Monseigneur Housset. Mais cette attitude peut-elle s’appliquer à la situation de personnes divorcées qui se remarient tout en reconnaissant un échec dans leur vie ? »
Le père Bacq termine son article de la manière suivante, conclut l'évêque de La Rochelle :
« La pratique des Églises orientales qui permet un deuxième ou un troisième mariage ne parait donc pas si contraire aux textes fondateurs. Le vœu de l’amour sera toujours que les couples restent unis la vie durant. Accepter un nouveau mariage pour des divorcés ne remet pas en question ce principe de fond... Mais, si des difficultés insurmontables apparaissent, comment vivre cet autre aspect du christianisme : la foi au Christ qui pardonne et libère ? Reprenant la distinction de Jean XXIII, lors de l’ouverture du concile, le théologien invite les pasteurs d’aujourd’hui à distinguer plus nettement la substance de la foi et la formulation dont on la revêt. La Bonne Nouvelle du Christ sur l’amour et le mariage sera d’autant mieux manifestée. »