"Partageons nos passions" de Bernard Devert

L’humanité ne serait-elle pas un musée de cire, s’interrogeait ce grand mystique que fut Maurice Zundel. La réponse est non, tant sont nombreux ceux dont l’histoire est traversée par une passion faisant vibrer la vie.

Vivre, c’est s’ouvrir à l’étrange, à l’inconnu, autant de clins d’œil à l’inattendu.

De tous les êtres vivants, seuls les humains sont riches de passions créatrices, ouvrant le champ de nouveaux possibles. Jamais nous ne sommes autant humanisés que lorsque nous les partageons, et comment s’en étonner dès lors qu’elles font tomber les frontières pour être école de liberté, mettant au ban les limites.

Je pense à Rodolphe, un jeune de 35 ans qui, après avoir connu la rue, a trouvé un logement ; le drame c’est que les murs enfermaient ses peurs. Heureusement, il sut me crier sa détresse, faisant vibrer sa recherche passionnée de quitter un monde clos ; je meurs de solitude, dira-t-il.

Le « vivre ensemble », nous l’avons souligné, est un appel à « faire ensemble ». Ne serait-il pas une invitation à partager précisément nos passions.

Vous aimez la montagne, pourquoi ne pas partir avec ceux qui regardent de loin les sommets sans pouvoir les atteindre.

Vous avez découvert avec le chant choral ou la musique une forme d’expression qui transfigure les relations ; ne serait-ce pas l’heure de faire signe à ceux qui souhaitent percevoir ces accords sans lesquels il n’y a d’harmonie ni avec soi ni avec les autres. L’enfer.

Vous aimez la sculpture, la poterie, la peinture, pourquoi ne pas demander, tel le Petit Prince : « S’il vous plait…dessine-moi un mouton. » Donner forme, c’est donner vie.

Petits Princes

Dessine-moi, deux mots si désarmants qu’ils suscitent une relation pour qui les prononce et les entend. « S’il te plait…ne t’éloigne pas de moi. »

Que de passions à partager ; il ne s’agit point de les comparer mais de les parer de cette libéralité qui toujours est un supplément de liberté.

Partager les passions avec ceux qui ont oublié les leurs ou pire ont dû les étouffer harassés par les accidents de la vie, c’est tisser des liens suscitant d’heureuses surprises pour nous arracher à la sécurité du connu.

Le Livre de l’Humanité appelle à quitter ces paysages auxquels nous nous sommes tellement habitués qu’ils se présentent comme une terre brûlée de fraternité.

Entrer dans la culture de la confiance, partager passionnément ce qui nous fait vibrer, n’est-ce pas habiter la promesse de relations nouvelles ?

S’il vous plaît… Le monde attend des Petits Princes.

Benard DEVERT, Prêtre Lyon et Fondateur de "Habitat et Humanisme"

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