Joyeux Noël
21 déc. 2014« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! »
Le messie qui vient nous sauver, ce Prince de la Paix, grâce à qui, selon Isaïe, « la paix sera sans fin pour David et pour son Royaume… Ce nouveau né…sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. »
La nuit de Noël, c’est une joie immense qui se répand parmi les croyants mais aussi parmi « tous les hommes de bonne volonté ». La promesse rapportée par les prophètes, annoncée par les sages et les anciens du Peuple d’Israël est en train de se réaliser : avec la naissance de Jésus, l’Emmanuel, « Dieu avec nous » : la Paix est venue habiter sur terre !
Comment pouvons-nous croire cela en cette fin d’année 2014 alors que tant de conflits ensanglantent le monde en Syrie, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan, en Palestine, au Congo, … ?
Comment pouvons-nous croire cela alors que dans nos propres cités et dans nos quartiers le « vivre ensemble » est encore si fragile ? Comment pouvons-nous croire à la Paix alors que tant de personnes sont victimes des injustices, du racisme ou de la violence ? Comment pouvons-nous croire la Paix possible alors que chacun d’entre nous a bien du mal encore à en trouver le chemin pour lui-même : que nous sommes pris dans des courants contraires : entre d’un côté la course à l’argent, à la consommation, le « toujours plus » et de l’autre la solidarité, l’ouverture aux autres ?
Le contraire de la Paix c’est la Division. La division naît de l’injustice qui provoque d’un côté l’égoïsme, le repli sur soi (pour ceux qui sont les plus nantis) et de l’autre côté la jalousie, la haine, la révolte et même la vengeance (pour les victimes des injustices) !
Ces divisions se traduisent par des ghettos ou même des camps où l’on a enfermé par exemple les Palestiniens spoliés de leur terre, mais aussi parfois de véritables « ghettos » que l’on a laissé se développer, en fermant les yeux, à la périphérie de nos villes. Ces divisions qui sont à l’origine de bien des exclusions ou des rejets (des étrangers ou des plus pauvres de nos sociétés d’abondance !)
Ces divisions se traduisent par des murs que l’on a construits (pour des raisons de sécurité dit-on !) entre les communautés ou entre les peuples. Ces murs qui en réalité attisent les haines !
Ces divisions nous les trouvons chacun de nous aussi à l’intérieur de nous-mêmes : la peur de l’avenir, la peur des autres, la peur de nous-même. La peur nous paralyse ou bien nous conduit à des réactions irrationnelles : la violence, la dépression, la drogue… Personne, riche ou pauvre, savant ou illettré, n’échappe au défi de sa « paix intérieure » et de sa « raison de vivre » !
Je ne ferai pas plus longtemps le panégyrique de nos problèmes personnels ou sociaux en cette nuit de Noël. Car l’heure n’est pas à la tristesse ! Mais pour apercevoir la portée de l’évènement de cette nuit, il nous faut voir ce qu’il vient bouleverser. En effet « l’Emmanuel », « le Prince de la Paix » vient réellement habiter parmi nous en plein cœur de nos problèmes, de nos souffrances, de nos espoirs et de nos joies et c’est cela qui change tout !
En cette nuit de Noël, « l’Emmanuel », « Dieu avec nous », vient sauver l’homme de son plus grand péché : « la Division ».
Lui, riche de tout, s’est fait le plus pauvre et il n’a pas considéré la pauvreté comme un motif de haine, de révolte et de violence.
Lui, pauvre parmi les pauvres, a manifesté une autorité et un pouvoir « incomparables » : il nous a montré le véritable pouvoir, la véritable puissance : celle de l’Amour.
Jésus a emprunté le chemin du « serviteur », un chemin de la réconciliation entre les hommes, mais aussi le chemin de la réconciliation en chacun de nous.
Durant toute sa vie il a été à la rencontre des lépreux (les bannis de la société), des publicains et des pêcheurs. Il a remis « les exclus » au cœur de la ville et au cœur de la communauté.
Les paroles et les actes de la vie de Jésus ont toujours été des ponts (ce qui relie les hommes) et jamais des murs (ce qui les sépare) !
Jésus a vécu lui-même l’épreuve de la division : les « tentations » : course à la richesse, au pouvoir et à la domination. Mais il était habité par l’Esprit, garant de l’unité et de la paix !
Désormais nous avons la force de l’Esprit pour vaincre nos divisions : « en toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l’amour. Appliquez-vous à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix.. » (Ephésiens 4/2-3)
En cette nuit de Noël, les premiers à reconnaître « le Prince de la Paix » sont les bergers et les mages. Les bergers, ces exclus de la communauté qui vivent à l’extérieur de la ville. On pourrait les comparer aux gitans et aux gens du voyage d’aujourd’hui. Les mages, ces étrangers, venus de loin qui ont vu se lever l’étoile, ce signe réel mais perceptible qu’à ceux qui sont réellement en attente, en « recherche » !
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! »
Désormais la Paix est venue habiter sur terre.
Saurons-nous l’accueillir en cette nuit de Noël ?
La réponse appartient à chacun d’entre nous.
Denis Chautard