Homélie du dimanche 18 janvier 2015
16 janv. 2015« Parle, Seigneur, ton ami t’écoute »
C’était la première fois. La première rencontre entre Jésus et nous. Le premier regard. Il y avait là André. Et l’autre disciple : nous ne savons pas son nom, mais c’est peut-être lui qui nous raconte cet épisode, le ²disciple que Jésus aimait². Et ce qui commence ce jour là, à quatre heures du soir, c’est aussi ce qui se continue aujourd’hui, avec vous-mêmes, avec moi, avec chacun de ceux qui sont croyants, car la foi chrétienne, c’est une amitié, une rencontre. Depuis Abraham jusqu’à aujourd’hui, la foi, pour les Juifs, les Musulmans, les Chrétiens, c’est une amitié avec Dieu ; et si l’on est chrétien, une amitié avec Jésus-Christ. Une amitié, de celles qui durent toute une vie.
Il est quatre heures du soir et il y aura toute cette longue soirée où ils vont demeurer ensemble : première découverte, premier repas ensemble sans doute. Ce qu’ils se sont dit, nous ne le savons pas ; mais ce regard de Jésus, ils ne l’oublieront jamais. Bien sûr, il y aura, comme pour nous, le quotidien avec ses hauts et ses bas, il y aura des éloignements, les leurs, les nôtres. Mais il y aura désormais ce lien ²si fort que rien ne pourra le défaire² : rien, pas même nos infidélités, pas même le reniement de Pierre ou le nôtre.
La foi nait parce qu’un jour nous avons été ainsi ²regardés², toi, moi, chacun, de ce regard lumineux, plein de tendresse de Dieu. Aussi voudrais-je le dire à tous ceux d’entre nous qui ont des difficultés à croire ou des critiques envers l’Eglise : ces difficultés, ces critiques, ce sont aussi les nôtres, ce sont bien souvent les miennes ! Mais ce qui nous a menés ici aujourd’hui, c’est cette amitié et le désir de vivre un moment. C’est simplement le désir de ²demeurer² un moment avec le Christ. Ensemble, car vous l’avez remarqué, ils étaient deux déjà pour cette première rencontre, comme un début d’Eglise. Le reste, tout le reste : les dogmes, la morale, les engagements, ou encore le pape, les évêques, les structures de l’Eglise, rien de cela n’a de sens en dehors de ce regard et de cette amitié.
Souvent nous nous posons la question : « Comment transmettre notre foi ? », en particulier, comment la transmettre à nos proches, à nos enfants et petits enfants ? Voyez alors ce qui s’est passé ce jour-là : il ne s’agit ni de convaincre, ni de convertir, ni d’expliquer, ni de justifier ! Faisons plutôt comme quand nous invitons des amis ensemble pour qu’ils se connaissent : « Tiens, j’aimerais bien que tu rencontres telle personne. Tu verras c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup ! Je vais vous inviter ensemble à la maison, ainsi vous pourrez faire connaissance ». C’est en quelque sorte à eux de jouer !
Par exemple, au catéchisme avec les enfants : le plus beau, le plus important de ce que nous faisons, c’est de les aider à se préparer à cette rencontre. Le reste, les activités, ce qu’on leur apprend n’a de sens que pour leur permettre une telle rencontre personnelle avec le Christ.
Vous avez entendu tout à l’heure l’histoire de l’enfant Samuel et du vieux prêtre Eli. Quand Eli finit par comprendre que Dieu appelle l’enfant, que lui dit-il ? Il lui dit : « Ecoute ! ». « Ecoute ce qu’il te dira dans ton cœur ». Il y a des paroles qui sont enfouies dans notre cœur à chacun. Elles sont là depuis longtemps peut-être, mais aurons-nous le courage de les écouter ?
Mon ami, écoute ton cœur, écoute et dis « Parle, Seigneur, ton ami t’écoute… ». Et si tu doutes de Dieu toi aussi, écoute ! Ecoute cette parole intérieure qui t’habite depuis si longtemps. Fais silence. Laisse monter en toi cette voix.
Louis DURET, prêtre en Savoie