Visite d'Imams Français au Vatican du 6 au 9 janvier 2015

CONSTRUIRE UNE CULTURE DE PAIX ET DE SOLIDARITÉ

Ces mots sont ceux de la déclaration commune signée à Istanbul, le 30 novembre 2014, par le pape François et le patriarche Bartholomée à l'issue de leurs rencontres fraternelles, lors de la visite du pape en Turquie. Dans cette déclaration, les deux responsables d'Eglises ont appelé au dialogue interreligieux particulièrement avec les musulmans :

« Nous reconnaissons donc aussi l'importance de la promotion d'un dialogue constructif avec l'Islam, basé sur le respect mutuel et sur l'amitié. Inspirés par des valeurs communes et affermis par un authentique sentiment fraternel, musulmans et chrétiens sont appelés à travailler ensemble par amour de la justice, de la paix et du respect de la dignité et des droits de chaque personne, spécialement dans les régions où eux-mêmes, un temps, vécurent pendant des siècles dans une coexistence pacifique et maintenant souffrent ensemble tragiquement des horreurs de la guerre. De plus, comme leaders chrétiens, nous exhortons tous les leaders religieux à poursuivre et à renforcer le dialogue interreligieux et à accomplir tout effort pour construire une culture de paix et de solidarité entre les personnes et entre les peuples. »

Construire une culture de paix au quotidien dans la société française, dans nos quartiers, nos églises, nos mosquées, telle était aussi la préoccupation partagée par la cinquantaine de responsables chrétiens et musulmans réunis à Lyon, aux mêmes dates que le voyage du pape François en Turquie. Nous nous retrouvions pour le 4° forum islamo-chrétien, dans la confiance et l'amitié, à la suite de « l'Appel des 110 » de Lyon, le Io octobre. Intitulé « Nous nous engageons », cet appel a été signé par les principaux responsables des cultes en France, et au­jourd'hui par plus de 1400 personnes et groupes.

Au cours de ce forum, nous avons constaté, les uns et les autres, que la société française est marquée par des peurs, une certaine violence et une radicalisation vers des attitudes extrémistes qui, excluent l'autre différent par la religion, la culture, la couleur de peau ou l'origine sociale, qu'il soit juif, musulman, rom, noir ou chrétien. Cette violence semble, parfois, fasciner des jeunes et certains sont tentés par un départ pour les combats en Syrie. Comment désamorcer les peurs ? Comment lutter contre ces radicalisations et ces attitudes d'exclusion? Nous sommes conscients, les uns et les autres, de notre responsabilité comme responsables religieux, éducateurs, enseignants : quel idéal notre société propose-t-elle à des jeunes épris de justice ? Pour notre part, ensemble à Lyon, nous avons décidé d'organiser, au printemps, plusieurs forums régionaux de responsables chrétiens et musulmans. Nous souhaitons aussi engager ensemble une réflexion théologique et critique. De leur côté, nos partenaires musulmans reconnaissent qu'ils ont un travail intellectuel à mener pour relire leurs sources dans le contexte actuel, travail « d'Ijtihâd ».

C'est à une culture de paix que nous sommes appelés à travailler, « offrir amour et respect quand on veut nous proposer haine et rejet », disait A. Gaci. Cette culture de paix suppose de prendre des initiatives. Mais, pour les croyants, elle commence par une conversion intérieure : demander à Dieu la grâce d'être en paix avec soi-même pour être en paix avec son voisin. A Noël, nous chrétiens, fêtons la naissance de Jésus, «le prince de la paix », à Bethléem. Que la paix puisse ne pas être un vain mot ou un rêve impossible pour les peuples du Moyen-Orient ! Que Dieu nous accorde aux uns et aux autres la grâce d'accueillir sa paix comme un don à recevoir, à partager, à mettre en œuvre au quotidien dans notre société française. Alors l'acclamation des anges deviendra effective :

« Gloire à Dieu dans les cieux et paix aux hommes sur la terre. » (Evangile de Luc, 2,14)

Christophe Roucou, 8 décembre 2014

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