Et si l’Eglise catholique montrait ses femmes?

Voir ainsi une femme, sur le parvis de la cathédrale de York, au milieu de tous ces hommes, fait du bien. Un visage de femme, celui de Libby Lane, rayonnant, gai, différent.. On a beau se dire que cette ordination d’une première femme évêque dans l’Église d’Angleterre ne va pas dans le sens d’un rapprochement avec l’Église catholique, se rappeler les tensions créées au sein même de la Communion anglicane, et répéter que, dans l’Église catholique, ce serait bien impossible, bref, on a beau raisonner en « bonne catholique », il faut bien avouer que ce visage féminin, à ce niveau, dans une telle enceinte, apporte un sacré vent d’air frais dans la cathédrale.

Une curie si masculine

On pense alors à tant de manifestations catholiques où le second sexe reste totalement absent, les célébrations solennelles, les réunions d’évêques, les synodes romains… On se souvient du pape François, égrenant les « 15 maladies de la Curie », le 22 décembre devant un parterre penaud, mais uniquement composé d’hommes… On a même l’audace d’affirmer que, s’il y avait eu des femmes, le discours aurait été moins négatif, moins dur… bref, osons le dire : que s’il y avait eu des femmes, la Curie n’en serait peut-être pas là, qui sait…

Pas de cléricalisme au féminin

Certes, la possibilité d’ordonner des femmes prêtres, et maintenant évêques, n’est, tout obstacle théologique mis à part, sans doute pas la seule solution. On peut même avancer que la plus grande chance des femmes, dans l’Église catholique, c’est justement de ne pas pouvoir l’être. Elles évitent ainsi de tomber dans le cléricalisme qui reste sans aucun doute, comme Péguy le disait, le plus gros défaut de notre Église. Et cela permet aux femmes de pouvoir incarner des figures autrement plus humaines que celle de prélats un peu trop amidonnés…

Des femmes responsables

Au fond, au moins tout aussi enrichissante que la charge d’évêque, celle de présidente du Secours catholique ou de l’association « Aux captifs la libération », celle encore de responsable des finances de l’épiscopat, de théologienne moraliste, ou même directrice d’un quotidien catholique… Autant de femmes actives, responsables, épanouies dans l’Église, mais… si peu visibles. Dans une société où l’image compte, où l’on a besoin de figure incarnée, l’Église catholique ne peut continuer à cacher ses femmes. Messieurs les prélats, on ne vous demande rien d’autre que de leur faire un peu de place sur le devant de la scène…

Isabelle de Gaulmyn

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