Homélie du dimanche 8 février 2015 : « Prendre soin, s’approcher »

La première lecture que nous avons entendue se fait l’écho d’un cri qui traverse les siècles, celui de l’humanité souffrante. ‘’A peine couché, je me dis : quand pourrais-je me lever ? Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube’’. Dieu notre Père entend le cri des hommes.
Le livre de job ne donne pas d’explication au problème de la souffrance. Mais il indique un chemin : ne pas retenir nos cris et tenir fort la main que Dieu nous tend.

Pour mieux comprendre que Dieu est vraiment un Père qui prend soin de tous ses enfants, il envoie son fils Jésus. Regardons le dans cette journée qu’il passe à Capharnaüm.
‘’En quittant la synagogue, Jésus alla chez Simon et André’’. C’est le jour du sabbat. Jésus a participé à la réunion de prière. On pense à une sortie de messe. Il revient à la maison en compagnie de ses amis. Il passe de la prière publique à la maison, lieu de la vie privée, puis à la porte de la ville, lieu de la vie publique. Il ne quitte pas son Père mais il y reste en allant à la rencontre de l’humanité souffrante : ‘’La belle-mère de Simon est malade’’.

Jésus n’agit jamais sans le consentement des personnes, et prendre soin, chez lui, n’est jamais un acte solitaire mais toujours une réponse à une démarche des malades ou de leur entourage : ‘’on parle à Jésus de la malade… On lui amène tous les malades’’.

Combien de fois dans l’évangile voyons-nous des personnes servir d’intermédiaires entre les malades et Jésus ! Quand nous sommes en souffrance nous avons besoin de solidarités actives et empressées : ‘’sans attendre’’. ‘’Jésus s’approcha’’. Prendre soin, c’est ensuite réduire la distance. ‘’Il la prit par la main’’.

Ce jour là il le fit dans une maison de Palestine. C’est ce que font aujourd’hui ceux qui visitent et accompagnent les malades : depuis le service évangélique des malades, jusqu’aux associations de soins palliatifs, en passant par toutes les solidarités de voisinage. ‘’Il la fit lever’’. On emploie le même verbe pour dire la résurrection de Jésus. Prendre soin, c’est toujours, d’une certaine manière, remettre debout.

‘’La fièvre la quitta et elle les servait’’. La belle-mère de Pierre est réintégrée dans son rôle familial. Quand Jésus prend soin, il restaure les personnes dans leur corps, dans leur cœur, dans leur fonction sociale. Mais l’attente des hommes est telle que Jésus passe bien vite du prendre soin d’une personne à l’attention à tous.

Celles et ceux qui nous interpellent aujourd’hui sont des millions d’hommes et de femmes marginalisés économiquement et socialement, âgés ou sans travail, sans avenir et sans relation, vivant dans l’inquiétude, tous meurtris dans leurs corps, leur tête ou leur cœur. Le service des professionnels de santé leur est nécessaire. Mais ils ont d’abord besoin que l’on prenne vraiment soin d’eux : d’un regard qui rend confiance, d’une proximité qui réchauffe, d’une bienveillance qui réconcilie avec les autres et avec soi-même. Ils ont besoin de nous mais nous avons aussi besoin d’eux. Tous nous avons en commun l’expérience de la fragilité humaine. A travers la fragilité reconnue et acceptée, nous faisons l’expérience fondatrice de ‘’nous en remettre à d’autres’’ pour vivre.

Comme l’écrivait Xavier Thévenot, un grand théologien moraliste : ‘’Il y a une seule façon de croire encore à l’amour quand on désespère, c’est d’expérimenter la présence de quelqu’un qui, auprès de vous, humblement, est là en train de vous respecter. Quand je désespère, quand l’amour semble loin, la seule façon de croire que l’amour et que Dieu existent, c’est d’expérimenter qu’il y a une petite source d’amour pour moi ici et maintenant : la présence d’un ami. Alors, s’il y a une petite source d’amour, c’est peut-être qu’il y a une grande nappe d’amour qui l’alimente.

Louis DURET, Prêtre du du diocèse de Chambéry

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