EN CETTE JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME : FEMINISATION DE LA MIGRATION AFRICAINE: DEFIS ET SIGNES D’ESPERANCE

La migration africaine, qu’elle soit familiale ou individuelle, temporaire ou définitif, forcée ou volontaire, se féminise. Longtemps réservée aux hommes, elle attire de plus en plus les femmes qui, souvent, trouvent dans les pays d’accueil, une sorte de prolongement de leurs activités domestiques dans leur pays d'origine. Elles sont, pour la plupart, engagées dans le secteur domestique, mais aussi comme paysannes, serveuses, ouvrières et employées de bas niveau ou qualifiées, professeures et infirmières…

Toutefois, la féminisation de la migration africaine soulève des problématiques sociales délicates. Les femmes migrantes se retrouvent souvent dans des situations de vulnérabilité et sont confrontées à des difficultés, notamment à l’exclusion sociale et à la violation de leurs droits fondamentaux ; leur condition de femmes les rendant encore plus vulnérables que leurs partenaires hommes.

Tout au long de la route migratoire, les femmes africaines sont exposées à des violences de plusieurs natures: les violences liées aux conditions du voyage, c'est à dire au fait migratoire lui-même, les violences émanant des groupes de passeurs, les violences exercées par les forces de l’ordre, notamment dans les pays de transit et/ou de destination et les membres des réseaux de trafic de femmes.

Arrivées dans les pays d’accueil, les conditions de beaucoup de femmes migrantes ne s’améliorent pas ; les cruelles atteintes aux droits humains se poursuivent, encouragées souvent par des politiques de lutte contre l’immigration irrégulière qui ne prennent, presque pas, en compte, le statut particulier des femmes en tant que catégorie vulnérable. Les lois de lutte contre l’immigration clandestine considèrent rarement les immigrés comme victimes de conditions de vie très précaires dans leur pays d’origine d’abord et, ensuite, victimes de réseaux de passeurs qui leur promettent des conditions de vie meilleures en Occident.

D’où la nécessité de se pencher sur la problématique et s’engager à relever le défis du respect des droits humains que soulève la migration souvent clandestine, des femmes africaines vers les pays occidentaux.

Dans cette perspective, Caritas Internationalis vient de tenir du 30 novembre au 2 décembre 2010, dans la ville de Saly au Sénégal, une conférence, pour réfléchir sur : "Le visage féminin de la migration".

Au cours de cette rencontre, la voix de l’Eglise s’est élevée, à travers l’intervention de Mgr Antonio Maria Vegliò, Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement, qu a, notamment souhaité que la communauté internationale s’engage à faire apparaître l’image de la femme migrante comme porteuse de valeurs et de ressources.

L’Église invite les Gouvernements à revoir les politiques et les règles qui compromettent la tutelle des droits fondamentaux. Elle réitère son engagement à accueillir fraternellement les migrants à promouvoir la reconnaissance et la valorisation de la femme immigrée.

Après un tableau si sombre, de l’image de la femme africaine immigrée, on pourrait se demander s’il y a encore de la place pour l’espérance. A mon humble avis, oui.

Car, la diaspora africaine qu’elle soit masculine, ou féminine, est de plus en plus reconnue pour son rôle et ses nombreuses contributions en faveur du développement économique et social et de son pays d’origine et de son pays d’accueil.

L’apport de membres féminins de la diaspora africaine se fait comme pour les hommes, en particulier, dans le domaine de la coopération intellectuelle, du transfert de fonds et de technologies, de l’enseignement et de la santé mais également dans le combat pour la paix. Les femmes migrantes engagées dans ces secteurs ne sont pas encore légion, mais le processus de leur intégration est amorcé.

De plus en plus, elles font entendre leurs voix pour faire connaître leurs actions et leurs projets en faveur des pays qui les ont vu naître.

Certes, bon nombre d’entre elles se distinguent dans le milieu associatif, souvent en faveur de leurs compatriotes femmes restées sur le continent en les aidant notamment à devenir plus indépendantes. Mais, on remarque également, la présence de femmes entrepreneures spécialisées dans la promotion de l’image de l’Afrique et plus particulièrement de leur pays d’origine. On assiste également à l’implication des femmes d’origine africaine dans la vie politique et sociale de leurs pays d’accueil y apportant une touche spéciale de la culture africaine.

Les migrantes africaines assument donc de plus en plus des rôles de gestion, de décision ou de direction dans plusieurs domaines. Elles montent au front pour le développement social et économique de leur pays d’origine et, pourquoi pas, de leur pays d’accueil.

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