En cette fin de Carême, quatre propositions pour « être sel de la terre » !
03 avr. 2015La lettre de Taizé « Vers une nouvelle solidarité » (2012-2015) continue d’exprimer les bases du cheminement commun qui nous conduit jusqu’au 16 août 2015, dixième anniversaire de l’entrée de frère Roger dans la vie d’éternité (voir plus loin le programme de l’année 2015). Voici quatre propositions pour « être sel de la terre ».
Première proposition : Donner autour de nous le goût de vivre
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s’affadir, avec quoi le salera-t-on ? » (Matthieu 5,13)
Être sel de la terre est un don de Dieu que nous voudrions accueillir avec joie. En étant sel de la terre, nous pouvons transmettre le goût de vivre. Et quand nous rendons la vie belle à ceux qui nous sont confiés, notre existence prend un sens.
Si, face à la multitude d’obstacles, nous nous demandons : « À quoi bon continuer à nous battre ? », rappelons-nous que peu de sel suffit à donner de la saveur.
Par la prière, nous apprenons à nous regarder comme Dieu nous regarde : il voit nos dons, nos capacités.
Ne pas nous affadir, c’est nous engager corps et âme et faire confiance aux dons de Dieu en nous.
§ Cherchons pour nous-mêmes et pour les autres ce qui nous fait croître et favorise un épanouissement.
Deuxième proposition : S’engager pour la réconciliation
« Quand tu présentes ton offrande à l’autel, si tu te rends compte que ton frère a quelque chose contre toi, laisse-là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec lui. » (Matthieu 5,23-24)
En nous tous se trouve l’aspiration à vivre ensemble comme dans une unique famille humaine, mais cela ne va pas de soi, ni en famille, ni entre amis, ni dans nos villes et villages, ni entre nations.
Quand les chrétiens se réconcilient, ils deviennent un signe dans une humanité qui cherche elle-même son unité.
Il y a des situations où la réconciliation est urgente. Pour nous y engager, à nous de comprendre les peurs qui enferment l’autre dans des préjugés, à nous aussi de nous rendre compte que d’autres peuvent avoir un reproche à nous faire.
L’Évangile nous appelle à ne transmettre ni autour de nous ni à la génération suivante les ressentiments hérités du passé.
§ Osons susciter des rencontres entre ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, le même style de vie ou la même religion, qui ne viennent pas de la même culture ou du même milieu social. Apprenons à nous connaître les uns les autres, à nous inviter mutuellement. Ayons le courage de demander pardon et de pardonner.
Troisième proposition : Se mettre au service de la paix
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu. » (Matthieu 5,9)
La paix est davantage qu’une absence de conflit, elle est bonheur, elle donne juste place à chacun, elle est plénitude de vie. Quand nous l’accueillons en nous, la paix de Dieu s’étend à ceux qui nous entourent et à toutes les créatures.
Le désir de la paix élargit notre cœur et l’emplit de compassion pour tous. Il se traduit dans une attitude d’accueil et de bienveillance dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos activités quotidiennes.
La paix est aussi à la racine de la justice à plus grande échelle. Dans des sociétés où se côtoient luxe et pauvreté, faut-il s’étonner que des violences surgissent ? Le partage des richesses est un facteur d’apaisement et une contribution majeure au bien commun.
Certains prennent un engagement pour promouvoir la paix en assumant des responsabilités dans la vie publique de leur pays, dans une association, dans leur entreprise, au service de personnes ayant des besoins particuliers.
§ Allons vers quelqu’un pour qui il n’y a pas de paix. Veillons plus particulièrement aux migrants. Discernons les situations d’injustice et apportons notre protection à ceux qui sont vulnérables. Identifions les esclavages modernes. Avec d’autres, prions pour la paix. Pour cela tenons-nous par exemple chaque dimanche soir une demi heure en silence.
Quatrième proposition : Prendre soin de notre terre
« Heureux les doux, car ils posséderont la terre. » (Matthieu 5,5)
Les doux sont ceux qui ne s’imposent pas. Ils laissent de la place aux autres. Ils n’accaparent pas la terre. La douceur n’est pas une démission, mais une maîtrise des pulsions de violence qui nous habitent.
La terre ne nous appartient pas, elle nous est confiée, nous sommes appelés à veiller sur elle. Les ressources de notre planète ne sont pas illimitées. Nous avons un devoir de solidarité entre personnes et peuples, et avec les générations à venir.
Dans notre manière de consommer et d’utiliser les ressources naturelles, une bonne mesure est à découvrir entre les besoins vitaux et le désir d’avoir toujours plus.
Pour trouver un style de vie qui permette un développement durable, nous avons besoin de toutes nos capacités d’imagination et de créativité. Elles doivent s’exercer dans la vie quotidienne et aussi stimuler la recherche scientifique, l’élan artistique, et inventer de nouveaux projets de société.
§ Regardons notre mode de vie et cherchons à simplifier ce qui peut être artificiel et ce qui est de trop. Simplifier notre existence peut être source de bonheur. Ouvrons des espaces de partage : que pouvons-nous donner et recevoir ? N’oublions pas de louer Dieu pour la création. Pour cela prenons des temps de repos et de contemplation.
Frère Alloïs de Taizé
Décembre 2014