Le pape a reçu Laurent Stefanini en privé

Le diplomate français, que Paris voudrait nommer ambassadeur près le Saint-Siège mais auquel celui-ci n’a pas donné son agrément, a été reçu par le pape François en toute discrétion.

Le pape François, qui conseille toujours la « culture du dialogue » devant un problème, a reçu au Vatican celui que le gouvernement français a choisi depuis janvier pour être son prochain ambassadeur près le Saint-Siège, Laurent Stefanini.

Cette audience privée, dont La Croix a eu confirmation de sources concordantes, s’est tenue a priori samedi 18 avril dans la plus grande discrétion, révélait mercredi 22 avril Le Canard enchaîné.

Ni le Saint-Siège ni le Quai d’Orsay ne voulaient publiquement confirmer ou démentir cette entrevue, mercredi.

PIÈGE REGRETTABLE

L’intéressé regrette qu’elle ait été divulguée de façon à lui nuire et il estime toujours ouverte la question de l’agrément, contrairement aux affirmations du Canard enchaîné.

Ces déclarations viennent s’ajouter à l’estime manifestée par plusieurs cardinaux français, en France et à Rome, à l’égard de ­Laurent Stefanini. Le président François Hollande l’a aussi exprimée en privé.

Mais, selon plusieurs sources dans l’entourage du pape, celui-ci s’estimerait désormais face à un piège regrettable. L’homosexualité du diplomate apparaissant dans la presse comme un enjeu de cette affaire, cet agrément se trouve de fait instrumentalisé quelle que soit la décision.« Notre message à la France est : ‘‘Respectez les procédures” », résume une source vaticane, en référence à l’extrême discrétion que requiert d’ordinaire une phase d’agrément.

Des soutiens à Laurent Stefanini dénoncent des agissements contre lui. D’autres, au contraire, s’irritent de ce qu’ils voient comme une exploitation par Paris d’une affaire donnant médiatiquement une image rétrograde de l’Église catholique.

PAS DE BROUILLE AVEC LE SAINT-SIÈGE

L’Élysée, au bout du compte, ne souhaite pas se brouiller avec le Saint-Siège, en particulier à un moment où l’apport du pape François est considéré comme décisif pour aider à la prise de conscience mondiale des enjeux liés au changement climatique, objet d’une conférence internationale présidée par la France en décembre.

Quelle que soit l’issue de la procédure d’agrément, l’accueil à ce stade par le pape François au ­Vatican de Laurent Stefanini traduit une volonté de distinguer et de protéger la personne privée de ce qui est devenu une affaire publique. Elle peut aussi illustrer la méthode d’un pape jésuite qui consulte toujours énormément, croise diverses sources et décide toujours seul.

Sébastien Maillard

Lien à la Source

Retour à l'accueil