Naufrages en Méditerranée : le coup de colère des jésuites
22 avr. 2015Capture d'écran du film réalisé par les jésuites pour alerter sur la situation des migrants qui tentent de rejoindre l'Europe.
VIDÉO. Par un film et une pétition, les jésuites exhortent l'Europe à agir face à ces tragédies humaines qui se jouent sous nos yeux.
"Il faut arrêter ce massacre !" Les jésuites se mobilisent pour interpeller l'Europe sur le drame des migrants. En 2011, ils étaient 58 000 à être arrivés sur notre continent par la Méditerranée - et 1 500 y ont perdu la vie. En 2014, ils étaient 350 000 - et 3 419, selon un décompte officiel évidemment aléatoire, en ont péri. Un flux qui ne fait que grossir depuis le début de l'année 2015.
Face à ce drame, les jésuites sont en train de remuer ciel et terre. Ils ont lancé une pétition destinée aux dirigeants des communautés européennes, et des 28 États de l'UE. Objectif : qu'ils se mettent d'urgence autour de la table pour décider d'un plan d'action. Mesures à prendre : mettre en place des contrôles, combattre les réseaux de passeurs, élargir la zone d'intervention au-delà des 10 000 miles nautiques, développer une stratégie d'accueil cohérente, construire des programmes nationaux... "L'Europe est très en retard sur la gestion des problèmes des réfugiés", souligne le père Maurice Joyeux, l'un des initiateurs de cette pétition.
"Nous sommes débordés"
Ce missionnaire français, qui travaille pour le Jesuit Refugee Service (JRS), est en poste à Athènes. D'où il se bat au jour le jour pour attirer l'attention sur ces tragédies. Avec un film documentaire, réalisé par Jean-Jacques Cunnac, le JRS et l'ONG Caritas Grèce veulent "rendre visibles et provoquer une réflexion économique et sociale" sur ces drames humains, en "donnant la voix aux sans-voix". Le Point.fr en livre ici des extraits.
Chaque année, environ 300 000 migrants passent par la Grèce en provenance de Syrie, de Libye, d'Afghanistan, d'Afrique, en grand nombre. "Nous sommes débordés, témoigne le père Maurice Joyeux. Nous avons besoin de davantage de lieux de soutien et d'accueil, pour subvenir aux urgences et au logement. Nous recevons notamment beaucoup de familles syriennes en grande difficulté."
Une fois de plus, samedi 18 avril, depuis Rome, le pape François exhortait la communauté internationale à agir, comme il le faisait le 25 novembre dernier à Strasbourg. "On ne peut tolérer que la mer Méditerranée devienne un grand cimetière", avait alors lancé dans une formule choc le souverain pontife aux institutions européennes. Une phrase qui, malheureusement, n'a jamais été autant d'actualité.