Création d'une association de dialogue interreligieux à Evreux
14 juin 2015Une nouvelle association a vu le jour vendredi dernier, à l'initiative des responsables des cultes musulman, catholique et juif : « DIRE, le vivre-ensemble d'abord ! »
Leur objectif : promouvoir le dialogue entre les différentes communautés religieuses, dans un esprit rassembleur et fraternel.
Au lendemain des attentats de janvier 2015, ils ont éprouvé le besoin de formaliser les choses, de bâtir un cadre. «Le dialogue existait depuis longtemps entre nos différentes communautés, mais les événements tragiques de janvier dernier nous ont fait prendre conscience de l'importance d'un support associatif », explique Jean-François Berjonneau, délégué de l'Evêque du diocèse d'Evreux et porte-parole de l'association. « Cet événement nous a tous émus. Il fallait battre le fer tant qu'il était chaud ». Baptisée DIRE, la toute jeune association a été officiellement lancée vendredi soir, à la médiathèque de la Madeleine, en présence du maire, Guy Lefrand, de Zohra Haddi, présidente de l'association Al Wafa, et des représentants des différentes communautés religieuses à l'exception du vice-président Claude Allouche, excusé. « Cette association, nous avons un temps pensé l'appeler RÊVE, comme Rien ne nous Empêchera de Vivre Ensemble », sourit Pape Kabo, consultant et membre dynamique du conseil d'administration, qui est « ouverts tous ». Ce sera finalement DIRE, pour Dialogue Interreligieux de l'Eure. À travers des conférences, des repas, des rencontres et des actions de solidarité commune, DIRE vise à promouvoir le dialogue et le vivre-ensemble entre les différentes religions catholique, musulmane, juive... Mais pas seulement : Les protestants, les bouddhistes... sont également les bienvenus. Même le non-croyant apporte quelque chose », assure le père Jean-François Berjonneau.
Sacro-sainte laïcité
Une volonté de rassembler tout à fait naturelle, pour la tresorière adjointe, Élisabeth Riffault : « Pour nous, donner l'image de croyants qui ne s'entendent pas, c'est une forme de contre-témoignage ». Cette educatrice spécialisée de formation est aumônière à l'hôpital de Saint-Sébastien-de-Morsent, où elle se heurte parfois à une application très, voire trop stricte, du principe de laïcité. «À l'hôpital, le côté spirituel de l'homme est de plus en plus nié. J'ai beaucoup de mal à accompagner les malades ...On me demande d'être là, mais uniquement pour enterrer les gens », déplore Élisabeth, tout en rappelant que dans le cadre de l'hôpital, chacun a droit à l'accompagnement religieux de son choix : « C'est dans les textes ! » À l'aumônerie du centre de détention de Val-de-Reuil, le père Jean-François Berjonneau éprouve régulièrement sur le terrain les vertus du dialogue : « Lorsque la parole circule, cela casse toutes les fausses représentations. Il ne faut pas être intolérant avec les gens qui sont intolérants », insiste le prêtre, tout en reconnaissant « que c'est parfois difficile ».
« Déradicaliser »
Mohammed Ech Cherqaoui, Imam de la mosquée As Saiam d'Evreux, est sur la même longueur d'onde : « Le dialogue est un moyen puissant pour déradicaliser les extrémismes de tous bords » a-t-il rappelé vendredi, en préambule de la soirée de lancement de l'association. « Nous devons promouvoir le vivre-ensemble, en accord avec les príncipes fondamentaux de la République. L'Islam est une religion de vie, la vie est à l'origine de toutes les religions et je souhaite que nous donnions le bon exemple à la jeunesse : un vivre-ensemble dans la liberté, l'égalité et la fraternité. » La première soirée de l'association a réuni une cinquantaine de convives de toutes confessions. D'autres rencontres, conférences et sorties sont à venir. Le père Jean-François Berjonneau a conclu avec une citation de l'Imam de Bordeaux : « Ce qui est à craindre n’est pas le choc des civilisations, mais le choc des ignorances ».
L Le Mouël
La Dépêche d’Evreux 12 juin 2015
Les aumôneries
Malgré la suppression du service public du culte l'Etat a l'obligation de rendre possible l'exercice du culte, notamment dans les établissements gérés par l'Etat et que l'on ne peut pas quitter. C'est pourquoi la loi de 1905 prévoit la mise en place d'aumôneries dans les hôpitaux, les prisons et les lycées.