Vendredi 3 juillet, fête de Saint Thomas, apôtre

Saint Thomas, un « modèle » pour notre foi !

La foi du charbonnier, nous dit le Petit Robert, c’est la croyance naïve de l’homme simple. Mais il ne faut pas confondre totale confiance avec naïveté, pas plus qu’il ne faut identifier la foi idéale avec un savoir intellectuel. La foi du charbonnier est celle qui ne prête pas attention aux questions posées à la foi, celle qui réduit son intelligence au silence. En fait, que nous soyons « hommes simples », ou « intellectuels », nous sommes tous invités à une foi vraie et non pas naïve, c’est-à-dire une foi qui est une véritable démarche de liberté et pas une solution simpliste.

Dans son encyclique Foi et raison, le Pape Jean-Paul II, parle de fidéisme, que nous pouvons traduire par foi du charbonnier. Le fidéisme serait alors cette démarche qui exclut la raison dans le travail de la foi. Au concile Vatican I (1861-1870), l’Eglise catholique a affirmé que Dieu pouvait être atteint par la raison. Autrement dit, la foi n’est pas irrationnelle, même si elle va plus loin que la raison. Pour le dire autrement, être croyant ne nous oblige pas à « penser idiot ». La foi ne peut déshonorer l’intelligence. Entre la naïveté religieuse et l’idolâtrie de la raison humaine, il y a place pour une démarche raisonnable qui respecte et l’homme et Dieu. Il faut élargir la raison et non pas la supprimer. La foi n’est pas seulement une intuition, un acte dans le vide. Il y a des repères pour l’intelligence. La foi s’appuie sur l’Ecriture sainte (la Bible) et sur la communauté des croyants, l’Eglise.

Prenons l’exemple de l’apôtre saint Thomas (Jean 20,24-29). On le qualifie souvent d’incrédule, mais on peut le percevoir aussi comme un grand croyant. En effet, ce qui se passe, c’est ceci : Thomas ne veut pas croire seulement sur la parole des autres. Il se méfie des illusions collectives, des évidences communes, des instincts grégaires, des informations non critiquées. Il veut se faire une opinion par lui-même. Il veut juger avec ses propres critères personnels. Et son grand critère à lui, c'est la vérification et la vérification par la matérialité du corps. « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas ». Pourtant, il aurait pu se contenter des dires des autres apôtres. Mais alors, il aurait été semblable à tous ceux qui croient tout simplement parce que c’est écrit dans leur catéchisme ou que, lorsqu’ils étaient petits, on leur a dit que c’était comme ça et pas autrement. Thomas a voulu que sa foi soit une rencontre personnelle et pas seulement une expérience par procuration. Trop souvent, nous nous dispensons de toute démarche personnelle. Jésus n’a pas légué à ses disciples un rituel ou un code législatif encore moins un corpus de doctrines qu’il faut conserver immuablement et répéter inlassablement de génération en génération. Ce que Jésus-Christ a laissé à ses disciples, c’est la perpétuelle nouveauté d’une Bonne Nouvelle, son « Evangile », illustrée par des paraboles à déchiffrer inépuisablement pour chaque époque. Pour déchiffrer cette Bonne Nouvelle, il faut travailler à la comprendre, car la foi veut comprendre ce qu’elle croit. Est-ce à dire que peu de ceux qui ont la foi du charbonnier entreront dans le Royaume de Dieu ? Non, pas dut tout ! Dieu dépasse les capacités de l’entendement humain. Mais on peut espérer aussi que beaucoup de ceux qui ont une foi pensée, réfléchie et personnelle y entreront.

Jean-Paul Sagadou, assomptionniste

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