Homélie du dimanche 6 septembre 2015
04 sept. 2015![Homélie du dimanche 6 septembre 2015](https://image.over-blog.com/kZVrJadlJ1kbcH9JdGS6LLoeFlI=/fit-in/600x600/filters:no_upscale()/image%2F0933224%2F20150904%2Fob_314494_guerison-sourd.jpg)
Isaïe 35, 4-7a ; Psaume 145 ; Jacques 2, 1-5 ; Marc 7, 31-37
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus a tout l’air d’être un faiseur de miracles qui épaterait les gens pour les attirer. En réalité, si Saint Marc nous raconte en détail comment Jésus redonne à cet infirme l’usage de ses oreilles et de sa langue, c’est pour révéler qui est Jésus. Isaïe avait annoncé : quand le Messie viendra libérer son peuple, “alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.” Il mettra fin à la surdité, à la cécité, au mutisme et à la paralysie. Il fera des hommes nouveaux. Et voici qu’avec Jésus, ça correspond puisque les aveugles voient, les sourds entendent, les muets parlent et les paralysés marchent. “Jésus fait toutes choses nouvelles.”
Ainsi la venue du Messie s’accomplit chaque fois que des hommes passent de Babel où ils ne se comprennent pas à Pentecôte où chacun écoute l’autre, quelle que soit la différence de langue, de race ou de civilisation.
La venue du Messie s’accomplit quand la parole de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer dans les réunions ou les assemblées est enfin libérée. Et quand sont changées les conditions de travail qui rendent impossible ou simplement difficile la communication entre les personnes.
La venue du Messie s’accomplit quand passe dans les familles et les groupes le courant de la communication qui devient communion. Quand, à travers ce que disent les hommes, les croyants discernent la voix de Dieu. Et quand les amis de Jésus ne bégayent plus pour annoncer sa Bonne nouvelle et chanter ses merveilles. Chaque fois, c’est la venue du Messie qui s’accomplit.
Dans notre monde d’aujourd’hui, qui sont les aveugles, les sourds, les boiteux et les muets qu’il faut guérir ? Il y a les aveugles qui ne peuvent pas voir les montagnes enneigées, ni les magnifiques cathédrales ; il y en a d’autres aussi qui ne veulent pas voir la pauvreté qui les entoure et qui ferment les yeux sur tout ce qui les dérange. Il y a les sourds qui ne peuvent pas entendre la musique ou le chant des oiseaux ; il y en a d’autres qui ne veulent pas entendre la demande silencieuse de celui qui est seul ou les cris de ceux qu’on maltraite. Il y a les boiteux qui ne peuvent pas courir ou même se déplacer partout avec un fauteuil roulant ; il y en a d’autres qui ne bougent pas d’un centimètre dans leurs convictions ou qui refusent de faire le premier pas vers l’autre pour se réconcilier. Il y a les muets qui ne peuvent utiliser les mots pour dire leur amour ou leur tendresse ; il y a d’autres muets au cœur desséché, qui n’ont jamais osé dire leur foi avec d’autres.
Et puis il y a en chacun de nous un sourd muet, fermé à ses frères et incapable de parler à Dieu. Pour écouter Dieu nous sommes tellement sourds. Pour proclamer sa Parole nous restons souvent muets. Jésus, lui, est ouvert. Alors que scribes, pharisiens, esséniens, sadducéens élèvent des barrières pour s’isoler des pécheurs et des publicains, des païens et des Samaritains, Jésus, lui, recherche le contact avec tous. L’évangile d’aujourd’hui nous le montre en Phénicie et en Décapole, à l’aise partout, mettant tout le monde à l’aise. Il est le Maître qui sait écouter, l’Ami qui sait parler. Satan ferme l’homme en lui-même, Jésus brise ce monde clos d’un mot : “Effata, Ouvre-toi !”
Quelques réflexions en forme de conclusion :
- On amène un sourd-muet à Jésus : on ne peut pas venir de soi-même. On est amené. Qui m’a amené ? Qui j’ai amené depuis ?
- Jésus éloigne d’abord le sourd-muet de la foule. Désormais elle ne peut plus le blesser ou le juger avec ses préjugés. Ce n’est qu’une fois à l’écart qu’il peut se sentir protégé et retrouver confiance.
- Ouvre-toi ! Deviens capable d’impossible ou d’impensable. Deviens ce que tu es (en germe).
- Plus moyen de faire taire ces gens-là…
- J’ai lu quelque part : quand je médite ce texte je me demande qui doit s’ouvrir, le malade ou le ciel ? La tournure du texte rend les deux possibles. Je soupçonne que c’est le ciel à qui s’adresse Jésus, car il sait ce qui se passe lorsque le ciel s’ouvre. Cela fait du bien à l’homme et le guérit.
- Enfin, c’est par ses gestes que Jésus nous guérit et nous libère. “Il lui mit les doigts dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa salive, puis, levant les yeux au ciel, il soupira…” Il y aussi le repas de la Cène, le sang versé de la croix, la pierre roulée du tombeau vide. Les sacrements sont dans cette ligne : rencontrer Dieu passe par les oreilles, et par la langue et par les yeux.Laissons Le Christ nous déployer !
Robert Tireau, prêtre du Diocèse de Rennes