Homélie du dimanche 20 décembre 2015

Evangile : Luc 1,39-45

« En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Homélie

Tout proche de Noël, l’avènement du Seigneur venu établir sa demeure au milieu des hommes, voici le récit d’une rencontre toute pleine d’affection, de tendresse et de foi, une rencontre hautement symbolique :

« Deux femmes se rencontrent, Marie et Élisabeh. Marie, à l'annonce de la grossesse de sa vieille cousine par l'ange Gabriel (Luc 1, 26-39), se met en route pour être aux côtés d’Élisabeth enceinte de six mois de Jean Baptiste. Les deux femmes se retrouvent (Luc 1, 39-56). A peine la salutation de Marie retentit-elle aux oreilles d’Élisabeth que l'enfant qu'elle porte tressaille en elle. L'évangéliste Luc précise qu'aussitôt Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, déclarant Marie "pleine de grâce".

Le mystère de la Visitation nous propose, en condensé, toutes les dimensions du salut apporté par Jésus : une charité attentive aux besoins des autres, surtout des plus pauvres ; la joie d'un cœur ouvert au projet de Dieu ; une vision de foi sur la nature et la mission de Jésus.

L'enfant a tressailli d'allégresse

Qu'un enfant bouge dans le sein de sa mère, rien que de très naturel. Mais l'enfant d'Élisabeth tressaille d'allégresse, on pourrait même dire qu'il "bondit de joie". Voilà qui dépasse les mouvements d'un enfant à naître. En réalité, la rencontre d'Élisabeth et de Marie semble se calquer sur celle de David et de l'Arche d'Alliance (2 Samuel 6,2-11). Le roi David se met à tressaillir d'allégresse et s'écrie : "Comment se fait-il que l'arche du Seigneur vienne chez moi ?" Ce rapprochement des deux scènes permet à l'évangéliste d'exprimer la foi chrétienne. Marie, comparée à l'Arche d'Alliance, porte en elle celui qui est la présence de Dieu parmi ses frères. Élisabeth reconnaît en l'enfant de Marie son "Seigneur" et son propre enfant reconnaît en bondissant de joie la grandeur de Jésus.

Celle qui a cru

Élisabeth est "remplie de l'Esprit Saint", autrement dit l'évangéliste la présente ici comme une prophétesse, une porte-parole de Dieu. Voilà pourquoi Luc note qu'elle "s'écria d'une voix forte". Les lecteurs de cette scène de la Visitation peuvent comprendre que les paroles d'Élisabeth portent l'empreinte divine. Or ce que dit Élisabeth concerne Marie. Elle reconnaît d'abord dans sa parente "la mère de son Seigneur". La prophétie d'Élisabeth culmine dans la béatitude qu'elle adresse à Marie : "Heureuse, celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur". Marie est reconnue comme "croyante". Elle a pleine confiance. Pour Luc l'évangéliste, c'est bien la foi qui caractérise la mère du Seigneur.

Une scène à contempler

Contemplons cette scène de la Visitation. N'est-elle pas le prototype de toute rencontre authentique ? Car notre vocation est bien de nous porter mutuellement cette Bonne Nouvelle : oui, en Jésus, Dieu a établi sa demeure parmi nous. Mais comment le pourrons-nous, si nous nous fermons à l'Esprit et à sa mystérieuse fécondité ? Alors, à la suite de Marie et d'Élisabeth, osons croire que Dieu peut faire merveille dans nos vies. Ouvrons-nous à sa présence agissante, pour connaître ce tressaillement d'allégresse qui fut celui de Jean Baptiste. »

A l’approche de Noël préparons-nous à cette rencontre profondément bouleversante, tellement inattendue et totalement heureuse !

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