Rencontre Européenne de Taizé à Valence (Espagne) du 28 décembre 2015 au 1er janvier 2016

Voici la méditation de Frère Aloïs, prieur de Taizé lors de la première veillée de la rencontre :

« Depuis plusieurs années, nous étions invités à Valencia pour une rencontre européenne. Voici un an, en annonçant que ce serait possible cette année, je disais aux jeunes Espagnols :Vous êtes filles et fils spirituels de Thérèse d’Avila dont on célèbre le 500e anniversaire, et aussi de Jean de la Croix. Ils ont réveillé une vie mystique en Espagne. A son tour votre génération est appelée à allumer dans votre pays le feu d’une foi renouvelée.

Nous aimons venir en Espagne pour recevoir ce feu et qu’il brûle à travers l’Europe. Nous aimons venir en Espagne pour découvrir toute la richesse de la diversité de ses régions. Merci à l’archevêque, le cher cardinal Cañizares, et à toute l’Église de Valencia de nous accueillir si bien. Maintenant le cardinal va nous parler et je vous dirai encore quelques mots à la fin de notre prière.

A la fin de la prière :

Hier soir je vous ai raconté comment j’avais vécu Noël en Syrie. Avant d’aller en Syrie, j’étais au Liban. Le Liban est submergé de réfugiés ; près de deux millions de réfugiés pour quatre millions d’habitants.

Dans la plaine de la Bekaa, nous avons visité des camps de fortune. Comme en Syrie j’ai été impressionné par le souci que tous ont pour les enfants. Dans un des camps, les réfugiés ont improvisé eux-mêmes des écoles, y compris pour les tout petits. Plusieurs fois j’ai entendu que l’éducation des enfants était pour eux une priorité.

Une autre priorité pour eux c’est de vivre ensemble avec leur diversité. Le Liban nous adresse ce message : il est possible de vivre ensemble entre religions différentes. Ce pays est fondé sur ce respect mutuel. Même après des épreuves qui ont été jusqu’à la guerre civile, les Libanais sont toujours revenus à cet idéal. Prions avec eux pour qu’ils puissent poursuivre.

Aujourd’hui, à chacun de vous il était proposé de se confier à la miséricorde de Dieu qui restera à jamais une source jaillissante. En consacrant l’année qui vient à chercher comment vivre la miséricorde, en rejoignant par là l’année de la miséricorde lancée par le pape François, nous voudrions découvrir que l’Église est d’abord une communauté d’amour et de pardon. Vous approfondirez cela demain matin.

Bien sûr, nos communautés, nos paroisses, nos groupes, restent souvent loin de ce dont nous rêvons. Mais l’Esprit Saint est présent dans l’Église et nous fait avancer sur le chemin du pardon.

La miséricorde et la compassion sont des valeurs d’Évangile qui peuvent être une réponse aux épreuves de nos sociétés, la miséricorde et la compassion sont capables de désamorcer la spirale de la violence entre les humains. Beaucoup de chrétiens à travers le monde donnent leur vie pour la réconciliation et pour la paix. Dans l’histoire des chrétiens, beaucoup de martyrs ont appelé à l’amour et au pardon.

Pardonner est un mot qui ne vient pas toujours sur nos lèvres. Il y a même des situations où nous ne pouvons pas pardonner. Mais nous pouvons au moins confier au Christ ceux qui font du mal et dire, comme lui quand il était sur la croix : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Pour que l’Église devienne toujours mieux une communauté d’amour et de réconciliation, nous, chrétiens, nous sommes pressés de trouver une réponse à cette question : comment montrer que l’unité est possible dans le respect du pluralisme ?

Pour avancer vers une réconciliation des chrétiens, il est essentiel de mieux se connaître, non seulement en occident, mais aussi entre chrétiens d’orient et d’occident. Voilà pourquoi à plusieurs reprises, avec quelques frères et avec des jeunes de divers pays, nous sommes allés faire un pèlerinage à Istanbul, à Moscou, Minsk, Kiev et Lviv.

Ces pèlerinages ont été si positifs que nous ferons dans l’année qui vient une même visite, cette fois en Roumanie. Le Patriarche Daniel a donné son accord pour que, du 28 avril au 1er mai 2016, avec 150 jeunes, nous puissions aller participer aux célébrations pascales orthodoxes à Bucarest.

Savons-nous que, comme chrétiens, nous avons un don spécifique pour préparer des chemins de paix et de confiance sur la terre ? Nous sommes le Corps du Christ et une communion entre ceux qui suivent le Christ peut devenir un signe crédible de réconciliation au milieu des humains. »

Frère Alois, Valence, lundi soir 28 décembre 2015

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