30 janvier 1948 : Assassinat de Mohandas Karamchand Gandhi

Le leader spirituel de l'Inde, le Mahatma Mohandas Gandhi, est abattu par un nationaliste hindou du nom de Narayan Vinayak Godse. L'action non-violente de Gandhi avait fait de lui un des hommes les mieux connus au monde.

Né en 1869, Mohandas Gandhi grandit en Inde avant de poursuivre des études en Europe. De retour dans son pays natal après un passage en Afrique du Sud, il milite activement en faveur des droits sociaux et de l'indépendance de l'Inde qui fait alors partie du royaume britannique. Incarcéré à maintes reprises, Gandhi encourage la désobéissance civile comme moyen d'action mais refuse tout recours à la violence, une approche qui en fera un symbole pour le mouvement pacifiste. Son opposition à la partition de l'Inde lors du départ des Britanniques, en 1947, ne suffit toutefois pas à empêcher la création de deux États indépendants, l'Inde et le Pakistan, et une flambée de violence qui fait des milliers de victimes. En janvier 1948, à l'âge de 78 ans, le Mahatma -la « grande âme »- se livre à un dernier jeûne en faveur de la paix entre musulmans, hindous et sikhs. Quelques jours plus tard, le 30 janvier 1948, il est abattu par un nationaliste hindou qui juge désastreuse la politique de rapprochement prônée par Gandhi.

Robert Guillain, « La figure de Gandhi »

«...La vérité prend souvent figure de paradoxe en face des mensonges des hommes. Gandhi, son serviteur, était en toutes choses paradoxal. Entre son rouet et son téléphone il appartenait à la fois aux plus anciens âges de l'Asie et à un monde moderne où les luttes du siècle envahissent jusqu'à l'ermitage du saint. Essentiellement religieux, il annonçait pourtant un avenir où les religions reconnaîtront les raisons de se fondre au lieu de se faire concurrence, où les hommes seront plus religieux et moins attachés à une religion. Prophète de l'hindouisme, il l'aura cependant durement combattu, car il le voulait purifié de son orgueil et libéré de ses barrières de castes. (...) C'était un doux et un pacifique, mais aucun homme n'a fait davantage pour transformer en une puissante énergie le quiétisme naturel de l'Inde, et peut-être de l'Asie tout entière. C'était, pour le résumer, le plus grand rebelle de notre temps, mais sa révolution était de redécouvrir que la foi déplace les montagnes, et de réinventer pour armes la force de l'esprit, le refus du mal, le jeûne. Et le portrait ne serait pas complet si l'on n'y ajoutait un curieux don d'acteur, en même temps qu'une fine pointe de caprice et d'humour, qui le poussaient à utiliser habilement la fascination exercée sur l'Occident et l'Inde même par son personnage de fakir demi-nu. »

Le Monde (France), 1e et 2 février 1948, p. 1.

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