Vernon (Eure) : Unis pour les Migrants

Société. Un collectif visant à faciliter l’accueil des demandeurs d’asile vient d’être crée par plusieurs associations vernonnaises. Elles enverront une lettre de présentation au préfet, ce vendredi, pour faire bouger les choses.

Une dizaine d'associations vernonnaises ont été «interpellées par la forte migration des populations qui fuient la guerre et le chaos au risque de leur vie (...). » En septembre, elles ont exprimé leur volonté d'agir, main dans la main, en faveur des demandeurs d'asile. Elles espéraient alors créer un collectif, ce qui est récemment devenu réalité. Sa première réunion avait lieu mardi soir.

Plusieurs représentants de ces associations se sont donné rendez-vous à la villa Castelli de Vernon. Le but de ce collectif ? Énumérer les compétences respectives des associations et « voir ce que chacune pourrait faire en fonction du statut des réfugiés », explique Denis Chautard, prêtre à Vernon. Une réunion déterminante donc pour le comité et essentielle pour la suite. Les associations avaient néanmoins décidé de la fermer à la presse. « Nous ne souhaitons pas en parler pour l'instant », a d'ailleurs indiqué Suzanne Hue, membre du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, au lendemain de la réunion. Pourquoi un tel silence ? Là encore, la discrétion était de mise.

ATTIRER L'ATTENTION DES ÉLUS

Pourtant, chaque bénévole cherche encore à attirer l'attention des élus de la Cape (Communauté d'Agglomération des Portes de l'Eure) pour obtenir leur soutien. Une lettre avait d'ailleurs été adressée à son président, Gérard Volpatti, ainsi qu'aux maires des 41 communes de l'agglomération cet automne. « On ne peut pas faire sans les élus qui doivent être les coordinateurs », avaient alors indiqué Bernadette Cazenave et Suzanne Hue. Or, depuis, rien n'a bougé.

«Ma position est claire. C'est le rôle de l'État et non celui des collectivités d'intervenir. Nous n'avons pas de place pour accueillir des migrants à Saint-Marcel. Quant aux autres communes de l'agglomération, c'est à elles de décider », précisait, hier, Gérard Volpatti.

Le collectif doit donc, pour l'instant, se débrouiller seul et s'organiser. Présidente de l'antenne vernonnaise du Secours populaire, Cécile Fournier accueille bien volontiers cette union car elle se sent « un peu démunie face à cette situation d'accueil des migrants. Ce collectif va nous permettre de savoir comment agir envers eux, comment les orienter. À plusieurs associations, nous pouvons en discuter. » La principale difficulté pour ces migrants est le manque de papiers. «Et sans papiers, ils ne peuvent pas travailler et donc se loger. Aujourd'hui, ils ont essentiellement besoin d'un logement », assure Cécile Fournier.

La Société Saint-Vincent-de-Paul adhère également au collectif. Son responsable, Patrick Aimé, qui ne souhaite aucune récupération politique du comité des migrants, pourrait apporter son aide en donnant nourriture, vêtements et meubles.

Même enthousiasme de la part de Solidarité Partage que préside Marius Besson, d'origine indienne : « Les migrants ont les mêmes droits que nous. Je suis moi-même Étranger. J'ai été accueilli en France et à mon tour, je souhaite aider les autres en faisant le maximum. Ce collectif nous permet d'agir car seule, notre association ne peut pas faire grand-chose, à part apporter de l'aide alimentaire et le vestiaire. Mais ensemble, on peut faire davantage. » Les associations ont donc décidé d'adresser ce vendredi une lettre à René Bidal, préfet de l'Eure, pour présenter le collectif. En espérant «faire bouger les choses ».

Karine Leroy et Célia Mick

Paris Normandie

Jeudi 14 janvier 2016 page 21

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