A Lesbos, le pape appelle l'Europe à plus de solidarité
17 avr. 2016François a rencontré ce samedi des migrants et réfugiés détenus dans le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos. Il est reparti au Vatican dans l’après-midi avec trois familles musulmanes.
« N’oubliez jamais que les migrants, avant d’être des numéros sont des personnes, des visages, des noms, des histoires. » Le Pape est venu justement les rencontrer et les écouter lors d’une visite de quelques heures qualifiée par le Vatican de « strictement humanitaire et œcuménique, pas politique ».
Accompagné de Bartholomée, le patriarche de Constantinople, et de Ieronymos, l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce, François s’est rendu dans le camp de réfugiés de Moria. 3000 hommes, femmes et enfants y attendent dans des conditions dénoncées comme misérables par les ONG, leur renvoi dans leurs pays d’origine ou en Turquie à la suite de l’entrée en vigueur de l’accord entre Bruxelles et Ankara.
"Vous n'êtes pas seuls"
« Chers amis, je veux vous dire que vous n'êtes pas seuls. Ne perdez pas espoir ! », a t-il lancé aux réfugiés en écoutant leur témoignage et en rendant hommage aux souffrances et deuils endurés en quête d’un avenir meilleur. Un appel à plus de solidarité mais aussi et surtout à plus de responsabilité de la part de l’UE. Les trois prélats demandent dans une déclaration commune plus de « courage » pour répondre à une « crise humanitaire colossale », « L’Europe est la patrie des droits humains, a rappelé le Pape, et quiconque pose le pied en terre européenne devrait pouvoir en faire l’expérience. »
Comme lors de son tout premier voyage hors du Vatican en juillet 2013 sur l’île de Lampedusa, François a souhaité par son déplacement à Lesbos battre en brèche la « mondialisation de l’indifférence » sur la tragédie de la migration et du déplacement forcés de millions de personnes. Plus d'un demi-million de migrants sont passés par l’île grecque et près de 90.000 ont déjà débarqué sur ses côtes cette année dont plus d’un tiers d’enfants. Le Pape a ainsi fait part de son admiration pour le peuple grec qui « malgré les graves difficultés à affronter, a su tenir ouverts les cœurs et les portes. »
Appel à la communauté internationale
Avec ses deux hôtes, François exigent de la part de la communauté internationale des initiatives concrètes diplomatiques, politiques et caritatives pour « ramener la paix, protéger les minorités, combattre la traite et la contrebande de personnes, promouvoir des processus sûrs de réinstallation » des réfugiés ayant fui leur pays en assurant le respect de leurs droits et de leur dignité. Déclaration commune et prière œcuménique sur le port de Mytilène où les trois hommes se sont rendus pour rendre hommage aux migrants qui ont péri en mer.
Le Pape est le premier à suivre cet appel à plus de solidarité. Il est rentré à Rome avec 12 réfugiés dont la moitié sont mineurs, 8 syriens, deux afghans et deux irakiens