Homélie du dimanche 17 avril 2016
14 avr. 2016Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 10, 27-30.
« En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »
Homélie
Paul et Barnabé sont à Antioche de Pisidie. Ils font beaucoup de convertis au judaïsme. Et le sabbat suivant presque toute la ville se rassemble pour entendre la parole du Seigneur. Et puis ça tourne mal. Alors Paul et Barnabé leur déclarent avec assurance : “C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez,… eh bien ! Nous nous tournons vers les nations païennes.” Les uns sont pleins de joie en entendant cette Parole : “les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur. Les autres sont remplis de fureur.
Trois conclusions :
- la première, c’est qu’il est impossible de faire taire les apôtres. Impossible de se taire quand on porte la foi chrétienne en soi.
- deuxième conclusion : face à la Bonne Nouvelle, il y a fureur ou joie, pas de moyen terme. Je me suis souvent dit que toute les fois qu’il y a indifférence, même polie, c’est que la Parole n’a pas été entendue. La Bonne Nouvelle ne supporte pas l’indifférence.
- Troisième conclusion : Même les poursuites et les expulsions participent aussi à faire répandre la nouvelle plus loin :“ils se mirent à poursuivre Paul et Barnabé, et les expulsèrent de leur territoire. Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds et se rendirent à Iconium, tandis que les disciples étaient pleins de joie et d’Esprit Saint.”
“Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais”. J’ai lu sous la plume de Fabien Deleclos, dans son livre Prends et mange la Parole, des précisions utiles pour comprendre qui sont les bergers de l’Evangile : “Leur mission n’avait rien de romantique ni de facile. Rude épreuve que de chercher des pâturages et des points d’eau dans des régions désertiques et rocailleuses. Métier dangereux et plein de risques, exigeant beaucoup de courage pour défendre le troupeau contre les fauves et les voleurs. Une vocation (le mot y est) de combattant.”
Alors je suis allé lire Ezéchiel, le chapitre 34 intitulé Les pasteurs d’Israël. Le verset 16 dit ceci : “La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai.” Quelqu’un a pu dire un jour : « Il y a deux sortes de pasteurs, ceux qui s’intéressent à la laine et ceux qui s’intéressent à la viande. Aucun ne s’intéresse aux brebis« . Dans notre monde de rendement et de solitudes, prenons le temps de goûter cette parabole de l’évangile : Jésus a payé de sa personne, il connaissait ses brebis. Et quand il emploie ce mot connaître, Jésus ne parle pas de Curriculum Vitae. Pour Jésus et pour ses auditeurs Juifs connaître c’est naître avec, c’est entrer en communion avec l’autre, c’est compatir quand il souffre, c’est se réjouir avec lui, se battre avec lui. Jésus est entré en communion avec les personnes parce qu’il les rejoignait dans leur être profond. Ce n’est pas la transgression de la loi qu’il voyait d’abord chez les pécheurs, mais leur soif, leur faim, leur désir de vivre autrement. Alors chacun était unique à ses yeux, et les exclus devenaient pour lui des élus, ce qui ne plaisait pas beaucoup aux pharisiens.
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais… Je leur donne la vie éternelle… Personne ne les arrachera de ma main” Désormais cette parole interpellera tous ceux qui ont à exercer un pouvoir sur les autres. A partir de la Résurrection du Christ Pasteur, on ne peut plus profiter des autres pour agir selon ses intérêts. La nature même du pouvoir a été changée par la vie du Christ au milieu de nous. Le pouvoir n’est plus la possibilité d’exercer son influence sur les autres. Le pouvoir est une délégation de service à rendre. A chacun de s’interroger sur ce qu’il peut faire ? C’est plus exigeant que de se contenter de ressasser ce qui ne va pas. J’aime bien à ce sujet la réponse de Mère Teresa à un journaliste qui lui demandait : “Qu’est-ce qui ne va pas dans le monde, ma sœur ?” Sa réponse fut brève : “Vous et moi, Monsieur.” Dans nos communautés, quand des chrétiens se connaissent et se reconnaissent, quand des chrétiens ont le souci de ceux qui ne sont pas encore dans la communauté, alors des personnes se sentent appelées à être des pasteurs au service des communautés. C’est là que le mot vocation peut surgir.
Robert Tireau, Prêtre du Diocèse de Rennes