Jeunes d’Arménie, soyez les acteurs d’une culture de la rencontre et de la réconciliation!
28 juin 2016Prière pour la paix, Erevan, 25 juin 2016, le pape et le catholicos arrosent un pied de vigne planté dans une miniature de l'Arche de Noé (symbole de résurrection)
La foule d’Erevan applaudit l’appel du pape François à la réconciliation et à la paix et qui salue saint Grégoire de Narek comme « Docteur de la paix » qui « implore miséricorde pour tous ». Le pape a appelé les jeunes à être « des promoteurs actifs d’une culture de la rencontre et de la réconciliation ».
Le pape a participé à la prière oecuménique pour la paix, avec le catholicos Karékine II, ce samedi 25 juins 2016, à Erevan (Arménie), place de la République. La prière du pape – c’était bien une prière, le pape portait une étole rouge et or – a été suivie de la remise d’un cadeau extraordinaire, une miniature de l’arche de Noé, signe de résurrection, remplie par des jeunes de terre arménienne et d’un pied de vigne, arrosé ensemble pape le pape et le patriarche, en présence du président Serge Sargsian. Le pape a ensuite embrassé un à un des malades que le patriarche arménien bénissait. Ils sont montés ensemble sur la jeep découverte.
Le pape a redit son appel à la paix de son message 2015 aux Arméniens du monde: « Chers jeunes, cet avenir vous appartient : en tirant profit de la grande sagesse de vos personnes âgées, ayez l’ambition de devenir des constructeurs de paix : non pas des notaires du status quo, mais des promoteurs actifs d’une culture de la rencontre et de la réconciliation. Que Dieu bénisse votre avenir et vous « accorde que soit repris le chemin de la réconciliation entre le peuple arménien et le peuple turc, et que la paix advienne aussi au Nagorno Karabakh » (Message aux Arméniens, 12 avril 2015) ».
Le pape a invité à vivre du message de saint Grégoire: « Sa solidarité universelle avec l’humanité est un grand message chrétien de paix, un cri plein de tristesse qui implore miséricorde pour tous. Que les Arméniens, présents dans de nombreux pays et que je voudrais d’ici embrasser fraternellement, soient des messagers de ce désir de communion, « des ambassadeurs de paix » (Jean-Paul II) ».
Il a évoqué le génocide comme une « extermination effroyable », sous les applaudissements: « Je n’arrive pas à ne pas penser aux épreuves terribles dont votre peuple a fait l’expérience : à peine un siècle s’est-il écoulé depuis le ‘‘Grand Mal’’ qui s’est abattu sur vous ! Cette « effroyable et folle extermination » (Salut au commencement de la Sainte Messe pour les fidèles de rite arménien, 12 avril 2015), ce tragique mystère d’iniquité que votre peuple a vécu dans sa chair, demeure imprimé dans la mémoire et brûle dans le cœur. »
« Je veux réaffirmer que vos souffrances nous appartiennent : « ce sont les blessures douloureuses infligées au Corps du Christ qui souffre » (Jean-Paul II) ; le rappeler n’est pas seulement opportun, c’est un devoir : qu’elles soient un avertissement en tout temps, pour que le monde ne retombe plus jamais dans la spirale de pareilles horreurs ! », a déclaré le pape, soulignant que la renaissance est puisée dans la foi des Arméniens, « semence de paix pour l’avenir ». Là aussi applaudissements.
« La mémoire, imprégnée d’amour, devient en effet capable d’emprunter des sentiers nouveaux et surprenants, où les trames de haine se transforment en projets de réconciliation, où on peut espérer un avenir meilleur pour tous, où sont « heureux les artisans de paix ». S’engager à poser les bases d’un avenir qui ne se laisse pas absorber par la force trompeuse de la vengeance fera du bien à tous ; un avenir où on ne se lasse jamais de créer les conditions pour la paix : un travail digne pour tous, le soin de ceux qui sont le plus dans le besoin et la lutte sans trêve contre la corruption, qui doit être extirpée »: autre applaudissement spontané de la foule pour le pape François.
« L’unité n’est pas un avantage stratégique à rechercher pour un intérêt mutuel, mais ce que Jésus nous demande et qu’il nous revient d’accomplir avec notre bonne volonté et de toutes nos forces, pour réaliser notre mission : donner au monde, avec cohérence, l’Évangile », déclare le pape François.
Le pape a invité à la prière et à l’amour: « Pour réaliser l’unité nécessaire, selon saint Nersès, la bonne volonté d’une personne dans l’Église ne suffit pas : la prière de tous est indispensable. (…) Et c’est avant tout le don de la prière que je suis venu vous demander ce soir. Pour ma part, je vous assure que, en offrant le Pain et le Calice à l’autel, je ne manque pas de présenter au Seigneur l’Église d’Arménie et votre cher peuple. ». il a ajouté: « Saint Nersès sentait aussi le besoin de faire grandir l’amour réciproque, car seule la charité est en mesure d’assainir la mémoire et de guérir les blessures du passé : seul l’amour efface les préjugés et permet de reconnaître que l’ouverture ».
Anita Bourdin