L’invitation au « regard du cœur » par Jean-Pierre Rouvière aumônier de la Communauté Chrétienne des Policiers de Tours

Vivre l’année de la miséricorde !

C'est à cela que le pape François nous invite. Ce mot de miséricorde est peu employé dans notre langage commun, et beaucoup de nos compatriotes ne s'en servent jamais. C'est une expression qu'on rencontre dans la Bible pour exprimer une attitude de Dieu vis-à-vis de son peuple choisi, aimé et pourtant rebelle. Une réponse de Dieu à l'égard de quelqu'un qui rate sa vraie vocation. Dieu ne rejette pas, il a de la miséricorde. Ce mot est formé de deux mots bien connus par contre : la misère et le cœur. Généralement, la misère on connaît Le peuple des policiers de France est bien placé pour connaître cette réalité qui habite si souvent l'existence humaine. Des misères, il y en a de toutes sortes, physiques, addictives, morales, psychiques, affectives... Et face à cette misère, souvent le comportement, c'est de fuir, de prendre le large, de juger, parfois de prétendre avoir les bonnes solutions. Et généralement, on est peu tendre à l'égard des miséreux On les chasse, on les exclut, on les enferme parce que consciemment ou non, on a peur de la misère. Alors les gens, les croyants de la Bible, et Jésus dans les Évangiles, nous disent le regard de Dieu, la façon que Dieu a face à tous ces gens. Lui, il aime, il écoute, Il voit (« J’ai vu la misère de mon peuple »). Il n'est pas indifférent, Il ne s'éloigne pas, il laisse parler son cœur, et chacun, face à Dieu, trouve sa vraie dignité, un fils, une fille bien-aimée de Dieu. Jésus laisse apparaître cela à chacune de ses rencontres dans l'Évangile, de telle sorte qu'on peut percevoir quel est le regard de Dieu sur chacun. C'est vrai que si on se pense parfait, on n'a pas besoin de ce regard de Dieu. Mais si on mesure un peu ce qui manque dans notre vie, nos limites, nos insuffisances, alors on comprend que ce regard de Jésus sur les pauvres, les bannis, les exclus, les pécheurs, peut aussi nous rejoindre, nous relever, nous rendre confiance et aptes à changer, à grandir. Essayer, nous aussi, d'avoir ce regard de Jésus sur les autres, sur ceux pour lesquels on a mission d'être « gardiens de la paix », ça nous permet d'avancer, de ne pas perdre courage, de savoir qu'il faut sans cesse recommencer à accueillir, à écouter, à comprendre, et que ce travail vient comme compléter le travail de Jésus Ce n'est pas pour rien qu'il nous envoie pour poursuivre son œuvre. Notre tâche est immense, et nous mesurons parfois qu'elle a réussi, que nous aussi nous avons contribué à relever quelqu'un.

Alors une année de la Miséricorde, comme nous y invite le pape François, c'est nous rappeler que c'est notre vocation de chrétien là où on est, où on travaille, où on vit : dans la famille, dans la profession, dans les engagements de toutes sortes. Nous aussi, servons-nous de notre cœur pour regarder les autres, -'est une démarche courageuse.

Jean-Pierre Rouvière, prêtre du Diocèse de Tours et aumônier de la délégation Police et Humanisme de Tours

Revue « Le veilleur » juin 2016 page 13

http://policeethumanisme.fr/

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