À Saint-Marcel (Eure), une semaine de solidarité avec les migrants

Philippe Mahieu et les bénévoles de l'Arbre aux légumes ont pris en charge l'arrivée des migrants à Saint-Marcel -

Une trentaine de migrants a passé la semaine dans l'hôtel Formule 1 à Saint-Marcel. Des associations bénévoles leur sont venues en aide.

Ils sont arrivés à Saint-Marcel vendredi 22 juillet. Une trentaine d’hommes âgés de 20 à 30 ans ont été évacués du campement sauvage installé sous le métro parisien. Certains d’entre eux viennent d’Afghanistan, du Tchad, de Somalie, d’Erythrée, la plupart viennent du Soudan. Le Samu Social de Paris a assuré leur transport vers Saint-Marcel où une dizaine de chambres les attendait à l’hôtel Formule 1. Une fois sur place, aucun relais n’est fait. S’ils ont un toit, un lit, ils n’ont rien pour se nourrir.

Au bout de trois jours, les associations locales ont eu vent de leur arrivée. Mardi soir, un repas leur a été préparé par l’association d’entraide aux migrants (Adem) et l’Arbre aux légumes. « On a appris leur arrivée seulement mardi. Le soir même, on leur a amené de la ratatouille », racontait Philippe Mahieu, président de l’Adem et directeur de l’Arbre aux légumes. Le lendemain, aidé par un autre bénévole, Philippe Mahieu leur a apporté quelques cagettes remplies de tomates, pommes et abricots. L’après-midi, devant l’hôtel Formule 1, un autre habitant de Saint-Marcel s’inquiétait du sort de ces réfugiés : « Je suis allé à la mairie, personne ne semble au courant, se désespère-t-il. Là, je suis en vacances, j’ai du temps, je vais leur faire quelques courses et leur préparer un plat ».

« Nous avons été pris de court »

Alors que le mouvement solidaire se met en place, les services de l’Etat ont appris l’arrivée des migrants seulement mercredi. « On fait le nécessaire pour que l’association Accueil service les prenne en charge le plus rapidement possible jusqu’à leur départ de l’hôtel, affirmait le préfet de l’Eure, Thierry Coudert, mercredi soir. Il faut les nourrir et étudier leur dossier afin de connaître leur statut, s’ils sont demandeurs d’asile, réfugiés ou déboutés. Chacun a son histoire ». Et d’ajouter : « Nous avons été pris de court. Normalement, nous sommes prévenus, les migrants peuvent être identifiés, on a une feuille route. Là, leur arrivée est subite ».

« Ils étaient livrés à eux-mêmes »

Un loupé total dans la communication entre les services sociaux et l’Etat ? Sans doute. Jeudi, Accueil service – qui gère l’accueil de jour sans hébergement et la maraude auprès de sans domicile fixe – était sur le pied de guerre. « On est allé faire un point sur leur état de santé et déposer des colis repas », expliquait la direction rappelant qu’en arrivant sur place « on ne savait même pas qui était qui ! ». Après avoir pris connaissance de leur besoin sanitaire, « on a posé leur état civil en deux jours. Certains avaient des papiers, d’autres pas. Chacun a un parcours différent, ils nous ont expliqué d’où ils venaient et comment ils étaient rentrés en Europe ». Un parcours long, difficile, qui nécessite un suivi, une prise en charge psychologique : « Les centres d’hébergement proposent ce suivi administratif et cet accompagnement humain. Là, dans leur cas, ils étaient livrés à eux-mêmes ».

« Ils sont éprouvés par la situation »

Lundi, les services de Direction Départementale de la Cohésion sociale travaillaient sur la réorientation des demandeurs d’asile en lien avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration. « Dans la semaine, six seront transférés dans un centre d’hébergement d’Evreux et la semaine prochaine, une dizaine ira à Gaillon », nous assurait-on. En attendant, la DDCS affirmait « que les services de l’Etat avaient pris le relais des associations locales pour leur apporter de la nourriture ».

Seulement, lundi, alors que les membres de l’Arbre aux légumes se rendaient à l’hôtel Formule 1 pour prendre des nouvelles des demandeurs d’asile, Philippe Mahieu constatait : « Personne n’est venu ce week-end. Ce sont quelques habitants de Saint-Marcel qui leur ont apporté de la nourriture et le Secours catholique est passé. Samedi, une association africaine leur a proposé une partie de foot pour leur changer les idées… Ils sont vraiment éprouvés par ce qu’ils ont vécu et par l’incertitude de la situation ».

Béatrice Cherry-Pellat

Le Démocrate Vernonnais

4 août 2016

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