Homélie du Dimanche 7 août 2016

Evangile : « Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 35-40)

« En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils
de l’homme viendra. »

Homélie :

« Dans la foi, Abraham partit, ne sachant où il allait. » Au 4ème siècle, un Père de l'Église, commentant cette phrase de la lettre aux Hébreux, notait simplement : « Signe qu'il était dans la bonne direction. » Être chrétien, c'est être nomade, être pèlerin, être de passage, être en route… Chaque croyant est un homme en chemin. A l’image de son Dieu qui n'a pas où reposer la tête... qui, pour nous les hommes, est descendit du ciel ; il s'est fait homme, est mort, descendu aux enfers ; il monta au ciel ; il reviendra dans la gloire…

Notre foi n'est pas la fidélité à un passé pétrifié, l'immobilité de la momie liée à ses bandelettes. Notre foi est une marche persévérante vers l'avant à la suite du Bien-Aimé. Chaque jour est un défi. « L'Église, disait Jean XXIII, n'est pas un musée d'archéologie, mais la fontaine au milieu du village qui donne l'eau vive aux hommes d'aujourd'hui, comme elle l'a donnée à ceux d'autrefois. » « De commencement en commencement, et le commencement de biens toujours plus grands n’aura jamais de fin ». (Grégoire de Nysse, 8e homélie sur le Cantique des Cantiques).

L'évangile de ce jour nous propose une autre image : celle de celui qui veille dans la maison. Car « le Maître viendra à l'heure que tu ne sais pas. » Attendre, le jour et la nuit, comme on attend un ami, un enfant, l'amour de sa vie. Abraham, au chêne de Mambré, a accueilli « celui qui passe ». Et celui qui passe était trois. Le Père prodigue a veillé et couru. Le bon Samaritain s'est arrêté. A Emmaüs, le pain a été rompu.

Les routes ont leurs étapes ; les déserts ont leur oasis. Les chemins se croisent. A chacun d'être pour les autres l'oasis et la table ouverte. A chacun de se constituer le trésor inépuisable qu’est l'amour d'autrui, le temps gratuitement offert à l'homme en détresse, aux petits, aux sans-abris. Le trésor inaltérable, c'est de ramasser notre frère qui comme un petit oiseau a été vidé de son nid par la vie trop dure ; c'est « habiller de velours pauvres et malandrins », comme le chantait Jacques Brel.

Reste encore une dernière étape qui s'ouvre au pèlerin. Saint Augustin l'évoquait déjà dans ses « Confessions »: « Je te cherchais dehors : je ne t’"ai pas trouvé ; car tu étais en moi et moi je n'étais pas chez moi. » «Arrête ! Où cours-tu, le ciel est en toi. Si tu cherches Dieu ailleurs, tu le manques à tous les coups. » (Angelus Silesius, Le pèlerin chérubinique , I, 82).

C’est aussi tout le message d’Elisabeth de la Trinité : « Il me semble qu’au Ciel, ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, et de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles, de les transformer en Lui-même. »

La grande aventure, elle est en toi, elle est en moi. Peut-être au cœur d’un amour ; peut-être sur un lit de souffrance, dans le drame d'une déchirure, d'une solitude ou d'un deuil… mais toujours dans la fidélité à la prière d’oraison…. Les grandes routes passent par le dedans.

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