N’ayons pas peur des Musulmans par Chantal Aït Aïssa !

N’AYONS PAS PEUR !

Je suis née dans une famille nombreuse chrétienne, pratiquante. Je me sentais bien dans ce climat altruiste, imprégnée des valeurs chrétiennes.
A la Fac j’ai connu mon futur mari, musulman. Nous nous sommes mariés en 1969, avec la bénédiction du curé de la paroisse , et avec la Fatiha, bénédiction musulmane : ça fait donc 47 ans que nous sommes mariés !
Oui, il est possible de vivre ensemble entre Chrétiens et Musulmans !
Arrivée dans ma belle-famille, j’ai été acceptée chaleureusement, j’ai reconnu la même « chaleur humaine » que dans ma propre famille. Ils étaient musulmans, pratiquants, imprégnés des mêmes valeurs que moi, catholique : amour de Dieu, respect et amour du prochain…. Nos parents ont sympathisé et beaucoup échangé, dans le respect de leur croyance en Dieu, malgré des chemins différents.
J’ai partagé les joies, les peines, les épreuves de ma nouvelle famille. Je me sens toujours très bien avec eux tous. Mon mari a aussi partagé nos joies, nos peines. Il nous a particulièrement beaucoup aidés lors du décès de mon père ; avec lui nous l’avons entouré avec Maman, mes frères et sœurs et nos enfants, parlant à Papa, priant, échangeant, démystifiant la mort et retrouvant une réelle sérénité. Deux semaines pus tard, c’était mes frères et sœurs qui entouraient mon mari, priant avec lui auprès de sa sœur décédée d’un cancer.
Récemment en Algérie, un neveu très pieux parlait de son oncle - mon mari- et de sa tante chrétienne à ses amis à la sortie de la mosquée ; ses amis lui ont dit « viens on va prier pour elle », et c’était une prière d’action de grâces !
Je veux témoigner aujourd’hui, malgré mon désir de vivre discrètement, parce que c’est urgent, en ces jours douloureux pour nos frères et amis musulmans. Mon mari et moi avons participé à la rencontre de réflexion et de prière organisée le 3 août à l’église, après le décès tragique du Père Jacques Hamel. Dans notre petit groupe, une maman de cinq grands enfants, nous a remerciés de notre témoignage : elle s’était sentie apaisée, elle qui ne connaissait pas la vraie valeur de l’Islam.
Il faut bien savoir que les Musulmans n’ont rien à voir avec les terroristes.
Les Musulmans, c’est comme ma belle-famille, comme vous, comme nous, ce sont des gens « simples », chaleureux, ô combien accueillants, qui ne demandent qu’à vivre tranquillement dans l’Amour et la Paix de Dieu, en bonne relation les uns avec les autres.
Il est dit dans le Coran que « celui qui tue un homme tue l’humanité toute entière, celui qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière ». Quel message de paix !


Les terroristes sont des tueurs, qui utilisent l’Islam pour leurs funestes projets. Ils sont à l’opposé des préceptes du Coran. D’ailleurs les Musulmans souffrent du fait qu’ils se nomment, sont nommés islamistes ou djihadistes. Dans islamiste, il y a Islam : c’est une contre-vérité qui fait mal aux Musulmans. Le Djihad, c’est une volonté de se dépasser personnellement, pour accomplir la volonté de Dieu. C’est en quelque sorte notre volonté de conversion à nous, les Chrétiens, qui n’a rien à voir avec ceux qui se prétendent « djihadistes »
C’est avec les mots usurpés de l’Islam que ces tueurs font régner la terreur.
Et selon le Père Jacques Hamel en mourant, c’est bien « Satan » qui arme leurs bras.
Les terroristes utilisent les jeunes, et même les enfants, à la recherche d’un idéal, qui veulent faire de leur vie une mission pour Dieu. Il les manipule pour les faire agir à leur place. Les lâches ! Ils se servent d’Internet, redoutable canal d’information et de désinformation, véritable toile d’araignée dont il est difficile de s’extirper quand on est pris dans leurs filets.
N’ayons pas peur des Musulmans, ce sont nos frères : ils ont les mêmes aspirations que nous, les mêmes préoccupations que nous, la Foi en Dieu, le même désir de faire Sa volonté.
Allons à leur rencontre, faisons leur une place dans nos vies, aidons les en ces dramatiques circonstances où ils subissent en quelque sorte la « triple peine » : être meurtris dans leur Foi, être visés par les terroristes, et être assimilés aux terroristes.
« Face à la folie de la violence, la miséricorde et la solidarité non violente sont les seules armes des croyants de toutes les religions. » (Père Dominique Fontaine, du Secours catholique)
En cette année de la Miséricorde, en union avec les Musulmans qui commencent toutes leurs prières par « Au nom de Dieu le Miséricordieux », prions Dieu qu’Il nous donne la force de vivre ensemble, de retrouver la sérénité et la paix. Et qu’il repousse Satan au plus profond des ténèbres.

Oui, il est possible de vivre heureux entre Chrétiens et Musulmans !

Chantal Aït Aïssa Mouchet

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