Mère Teresa déclarée sainte par le pape François

Sur la façade de la basilique Saint-Pierre, un portrait géant de mère Teresa trônait dimanche, sous un ciel bleu et un soleil d'été

PHOTO VINCENZO PINTO, AFP

Mère Teresa de Calcutta, qui a dédié sa vie aux plus déshérités, a été déclarée sainte dimanche par le pape François lors d'une messe de canonisation célébrée sur la place Saint-Pierre devant quelque 120 000 fidèles.

Le pape a toutefois souligné dimanche qu'il sera «un peu difficile de l'appeler sainte Teresa». «Sa Sainteté nous est si proche, si tendre et si féconde que spontanément nous continuerons de lui dire "mère Teresa"», a-t-il souligné lors d'une homélie.

Il s'est aussi efforcé de faire taire les critiques, parfois vives, à l'encontre de ce personnage aussi exemplaire que controversé.

Mère Teresa a aussi «fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu'ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes de la pauvreté qu'ils ont créée eux-mêmes», a lancé le pape François, face à tous ceux qui ont parfois reproché à la religieuse de ne pas avoir suffisamment utilisé sa notoriété mondiale pour contribuer à enrayer la pauvreté.

Qu'elle «nous aide à comprendre toujours mieux que notre unique critère d'action est l'amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien et offert à tous sans distinction de langue, de culture, de race ou de religion», a aussi espéré le souverain pontife.

À l'issue de la cérémonie, le pape a offert un déjeuner à 1500 personnes sans ressources, venues de toute l'Italie pour s'attabler au Vatican autour d'une pizza napolitaine.

Sur la façade de la basilique Saint-Pierre, un portrait géant de mère Teresa trônait dimanche, sous un ciel bleu et un soleil de plomb. «C'est un jour de réjouissances, un jour de gratitude, un jour de bénédictions très nombreuses», a dit depuis Calcutta, soeur Mary Lysa, Missionnaire de la Charité, la congrégation fondée par mère Teresa.

«Nous déclarons la bienheureuse Teresa de Calcutta sainte et nous l'inscrivons parmi les saints, en décrétant qu'elle soit vénérée en tant que telle par toute l'Église», a déclaré sous les applaudissements le pape François, en prononçant en latin la formule de canonisation rituelle.

Solangel Rojas et sa soeur Zorayda, venues tout spécialement de Cali en Colombie, ont réussi à obtenir à la volée des petits portraits imprimés de la religieuse portant la mention «Sainte Teresa», qu'elles ont serrés sur leur coeur. «Sa canonisation est grandiose, elle est un exemple à suivre», ont répété les Colombiennes ravies.

«Nous sommes très heureux, mais nous savions déjà que mère Teresa était une mère pour tout le monde», a confié le Polonais Wojtech Sikorski. Son épouse Danuta vêtue de sa toque d'infirmière est venue avec une cinquantaine de collègues de son hôpital.

Les Indiens, nombreux sur la place Saint-Pierre dimanche, affichaient une immense fierté pour la petite religieuse albanaise devenue une icône mondiale en aidant les plus démunis de Calcutta. «Elle a vécu comme une femme simple, sans aucun luxe, au service des pauvres», admire, Ancy Baby Thomas, une Indienne drapée d'un sari coloré.

Le rituel catholique de la canonisation nécessite deux miracles attribués au futur saint.

Un Brésilien, dont le témoignage a ouvert la voie à la canonisation de mère Teresa, a raconté vendredi devant la presse conviée au Vatican comment il s'était, selon lui, brusquement remis de tumeurs au cerveau en 2008 grâce aux prières répétées adressées à la religieuse.

«Infatigable bienfaitrice»

Elle était «une infatigable bienfaitrice de l'humanité», avait lancé Jean Paul II lors de sa béatification en 2003.

Ralenti sous Benoît XVI, le dossier de canonisation a été relancé sous François, qui voit dans mère Teresa une incarnation de son idéal d'une «Église pauvre pour les pauvres»... même s'il a déclaré qu'il aurait eu «peur» si cette petite femme déterminée, parfois autoritaire et empreinte d'absolu avait été sa supérieure.

Mère Teresa, née en 1910 dans une famille albanaise à Skopje et décédée le 5 septembre 1997 à Calcutta, a reçu le Prix Nobel de la paix en 1979. Elle avait alors jeté un froid en affirmant lors de la remise de son prix que l'avortement était la plus grande force de destruction de la paix aujourd'hui».

«Elle s'est dépensée dans la défense de la vie, en proclamant sans relâche que «celui qui n'est pas encore né est le plus faible, le plus petit, le plus misérable»», a rappelé dimanche le pape François.

En 1950, elle avait fondé en Inde les Missionnaires de la Charité, qui comptent aujourd'hui 5000 religieuses consacrant leur vie aux plus pauvres et vivant dans une grande austérité.

Des écrits publiés après sa mort ont révélé en outre qu'elle s'est sentie rejetée par Dieu pendant la majeure partie de sa vie, allant jusqu'à douter de son existence.

Catherine MARCIANO
Agence France-Presse
CITÉ DU VATICAN

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