« Monsieur le curé fait sa crise » ou comment redonner du sens, le roman de Jean Mercier
03 sept. 2016En racontant l'étrange destin d'un curé de campagne, l'écrivain Jean Mercier choisit le ton de la fable pour répondre à une question que chacun d'entre nous se pose tôt ou tard : qu'ai-Je fait de ma vie ?
« Je suis nul, je suis incapable d'attirer les gens vers Dieu, je suis un imposteur. »
Celui qui s'exprime est l'abbé Bucquoy, héros du roman de Jean Mercier, Monsieur le curé fait sa crise. Preuve que les prêtres, qui sont censés nous indiquer le chemin à suivre, s'interrogent eux aussi sur le sens de leur vie. « Ce prêtre est confronté è l'image de ce qu'il aurait aimé être à 50 ans, et qu'il n'est pas », confirme l'auteur.
Les méandres de la vie
Que ceux qui n'ont pas la foi se rassurent, le roman de Jean Mercier n'est pas un prêchi-prêcha moralisateur, « C'est l'histoire d'un curé, mais ça pourrait être la crise du milieu de vie de chacun de nous : on ne sait plus trop à quoi on sert, pourquoi on est là, on est tenté de fuir. » Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de cet instant de notre existence où l'on craint d'avoir fait fausse route ; celui où, face à un échec ou une épreuve, on est guetté par le découragement. « D'une maladie, d'un divorce, d'un licenciement, on ne sort pas indemne, poursuit l'auteur. L'idée, c'est qu'on peut traverser les épreuves et en faire une force pour rebondir. »
Jean Mercier, 52 ans, qui a quitté en 2006 l'agitation parisienne pour s'établir à Vernon, est bien placé pour savoir qu'une vie est un parcours aux méandres imprévus. Après une école de commerce, l'Edhec, il travaille à Londres dans la banque, puis à Paris dans l'édition, avant d'embrasser en 1992 la carrière de journaliste, Bientôt il devient protestant et mène de front des études de théologie pour devenir pasteur ! Au bout de dix ans, il retourne au catholicisme.
Crise de soi
Rédacteur en chef adjoint au magazine La Vie, Jean Mercier questionne sans cesse le rôle de l'Église. En témoigne son précédent ouvrage, « Célibat des prêtres, la discipline de l'Église doit-t ’elle changer ? ». Mais qu'on ne lui parle pas du déclin de la foi : « L'église ne s'en sort pas si mal, estime t’il. À Vernon, la messe du dimanche attire énormément de monde. Et aux JMJ de Cracovie, à 1 500 km d'ici, il y avait quand môme trente-cinq mille Jeunes Français : moi je dis chapeau I »
Avec « Monsieur le curé fait sa crise », chronique d'une paroisse de campaqne, Jean Mercier aborde pour la première fois la fiction. Plus qu'une satire à la Clochemerle, les tourments de l'abbé Bucquoy sont une fable sur le sens de la vie. Crise de soi* soi plutôt que crise de foi. « Ce roman raconte la difficulté de vivre par rapport à l'idéal que l'on s'est fixe, résume I'auteur, mais il ouvre un horizon, il offre un moment d'espérance dans un monde qui est tellement difficile, surtout depuis un an. »
Le livre est sorti en librairie le 25 août. Le père Jean-Marc Le Cam, curé de la paroisse de Vernon, a lu l'ouvrage en exclusivité, avant sa sortie. Alors ? « Il a trouvé ça très drôle. »
« Monsieur le curé fait sa crise, de Jean Mercier, aux éditions Quasar, 12 euros.
Le Démocrate Vernonnais
Jeudi 1er septembre 2016 page 16