Homélie du dimanche 16 octobre 2016

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 1-8

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Homélie

Permettez-moi une petite blague, profonde en fait …

Un prêtre arrive au ciel et se tient en ligne avant de passer devant le Seigneur. Tout prêt de lui se tient un homme insolite vêtu de cuir et portant des verres fumés. – « Qui es-tu ? » demande Dieu. – « Je suis Jean Noiraud, chauffeur de taxi à New-York ». – « C’est bien, lui répond Dieu. Prends cette robe de lin fin et cette couronne d’or et entre ». Le chauffeur de taxi entre au ciel. Puis vient le tour du prêtre. – « Je suis le père Joseph Blanchard, prêtre durant les quarante trois dernières années de ma vie ». – « C’est bien », dit Dieu. « Entre avec cette robe de coton et cette couronne de carton ». – « Une minute », dit le prêtre, ce chauffeur de taxi a eu une robe de lin fin et une couronne d’or... » - « Ici, dit Dieu, nous fonctionnons selon les résultats. Pendant tes sermons, les gens dormaient. Pendant qu’il conduisait, les gens priaient. »

Alors je vous en prie ne dormez pas pour que j’aille au ciel !

Et en fait cela est redoutable car l’Evangile de ce jour nous invite à prier sans nous décourager ; or avant même de m’entendre vous êtes peut-être déjà découragé et donc endormi !

Vous vous dites que la prière est bien difficile, que nos prières ne sont pas toujours exaucées, peut-être que Dieu ressemble à ce juge unique qui ne nous écoute pas toujours …

Beaucoup de gens se représentent Dieu comme un potentat aux oreilles bouchées et au cœur dur comme la pierre. Alors ils s’imaginent que si Jésus nous recommande de prier avec insistance et persévérance, c’est pour nous faire entendre de ce Dieu sourd, et arracher de son cœur un peu de compassion. Ce n’est pas ça du tout bien sûr.

D’autres se disent que s’il faut prier avec persévérance c’est l’informer de nos misères et la ligne est déjà bien occupée. Jésus nous prévient : « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé » (Mt 6, 8) (TLB).

Donc si nous sommes persistants dans notre prière de demande, ce n’est pas pour mettre Dieu au courant et encore moins pour l’amadouer. Mais alors pourquoi cette prière constante sur laquelle Jésus insiste tant ?

Pour approfondir notre foi à nous. Nous ne prions pas pour convertir Dieu, mais pour nous convertir, pour descendre en notre cœur, pour devenir comme cette veuve qui saisit qu’elle ne peut plus que compter sur Dieu. Et cela jour et nuit faisant que notre lien à Dieu devient continuel …

Je vous lis une belle définition de la prière de Jean Vanier :

Prier, c’est pénétrer doucement, tranquillement, dans le silence de Dieu. Laisser Dieu se donner et me donner son silence pour que je puisse laisser mon cœur battre à l’unisson du sien. Laisser ma respiration entrer dans la respiration de Dieu, me laisser pénétrer par sa présence. Prendre conscience de plus en plus que Dieu est à l’intérieur de moi, non pas évidemment pour fuir mes frères mais pour les porter davantage ; car il est vraiment impossible de s’approcher du crucifié sans s’approcher des crucifiés du monde entier.

Jean Vanier nous met sur ce chemin de la prière sans se décourager : nous comprenons en le lisant qu’il faut du temps, de la patience, de la persévérance ...

Jésus nous demande de prier avec persévérance. En fait, c’est tout ce qu’il nous demande quand il s’agit de la prière ; alors il faut lui faire confiance, sans chercher de faux alibis. Il exauce nos prières ; je ne sais pas toujours comment ; mais je sais qu’il le fait ; pas plus tard qu’hier soir la famille qui recevait la Vierge pèlerine cette semaine me rapportait qu’elle avait invité les personnes de son immeuble à prier chez elle Marie et voilà qu’une intention confiée ce lundi avait été exaucée dans la semaine.

Et je crois que toutes nos intentions sont profondément écoutées par le Seigneur qui est un Dieu bon.

Un autre point … Jésus dans sa parabole nous dit que la veuve avait un adversaire et c’est pourquoi elle s’adressait au juge …

Alors quel peut être notre adversaire qui nous fait nous tourner vers Dieu ?

Cela peut être Dieu ou une autre personne :

Dieu à qui nous pouvons en vouloir : celui-ci justement nous dit qu’il n’est pas un juge inique mais qu’il nous exauce.

Une autre personne ou une maladie ou une situation difficile : bien sûr tout cela existe ; mais l’Evangile nous met en garde contre cette adversité qui se transforme en accusation ; l’accusateur c’est Satan. La prière va me donner de découvrir le regard de Dieu sur mon adversaire pour transformer mon regard. La maladie sera bien souvent toujours là, le conflit sera bien souvent toujours là, mais le miracle que Dieu va opérer en mon cœur par cette prière persévérante c’est me faire passer de l’accusation à la confiance, de l’adversité à la découverte que Dieu sur le chemin d’Emmaüs qui est celui de ma vie m’accompagne.

Alors je comprendrais que je suis toujours exaucé … Car l’adversaire se sera effacé …

C’est ce que nous allons vivre par le baptême de Léonie : redire notre foi en Dieu qui nous fait traverser toute mort, qui nous rejoint dans toutes nos détresses et qui nous mène à la vie.

La vie du Christ, sa mort et sa résurrection est la grande réponse à toutes nos prières.

Prier sans se lasser signifie alors se laisser accompagner et rejoindre sans cesse par Lui.

La question de Jésus : « Trouvera-t-il la foi sur la terre ? » a alors pour réponse : « Oui Seigneur, nous sommes tes disciples, nous voulons te suivre car tu as les paroles de la vie éternelle ».

Amen.

Patrice GUERRE, Prêtre du Diocèse de Lyon

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