La non-violence, une manière d’être de la personne – Pax Christi
07 janv. 2017La non-violence, jusque-là, n’avait rencontré que quelques paroles bienveillantes de la part du magistère, mais cette fois le message du pape François lui ouvre toutes grandes les portes de notre Église. Tous les chrétiens qui croient à la non-violence comme moyen essentiel pour construire la paix se sentent reconnus et encouragés. Ils adressent un immense merci au pape.
Et comme la réflexion du pape François n’est pas réservée aux seuls chrétiens, ce sont les militants non-violents du monde entier, ceux de la « périphérie », qui se réjouissent d’être aussi profondément compris et soutenus.
La non-violence serait-elle synonyme de « capitulation, de désengagement, et de passivité ? » Non, dit le pape, « la non-violence pratiquée avec détermination et cohérence a donné des résultats impressionnants » ! Et il cite Gandhi, Martin Luther King ou Leymah Gbowee qui, avec des milliers de femmes de son pays, a obtenu l’ouverture de négociations qui ont mis fin à une guerre civile au Liberia.
Rappelant la chute des régimes communistes en Europe, il cite son prédécesseur Jean-Paul II : « Ce parcours de transition politique vers la paix a été rendu possible en partie par l’action non-violente d’hommes qui, alors qu’ils avaient toujours refusé de céder au pouvoir de la force, ont su trouver dans chaque cas la manière efficace de rendre témoignage à la vérité ».
A l’inverse, constatant les ravages causés aujourd’hui par les guerres, le terrorisme, les migrations forcées, la dévastation de l’environnement, il interroge : « Tout ce qu’obtient la violence, n’est-ce pas de déchaîner des représailles et des spirales de conflits mortels qui ne profitent qu’à un petit nombre de « seigneurs de la guerre ? » Non, dit le pape, « la violence n’est pas le remède pour notre monde en morceaux ».
Fondé sur des faits historiques incontestables, le discours est sans ambiguïté, construit pour convaincre croyants et incroyants, et il puise sa force aux sources profondes de l’Évangile.
Là non plus, pas d’ambiguïté : « Étre aujourd’hui de vrais disciples de Jésus, dit le pape, signifie adhérer également à sa proposition de non-violence ». La non-violence n’est donc pas une option comme une autre, elle fait partie de l’adhésion première à la foi en Jésus Christ. Et reprenant les mots de Benoît XVI, il ajoute : « Ce n’est pas un simple comportement tactique, mais bien une manière d’être de la personne, l’attitude de quelqu’un qui est tellement convaincu de l’amour de Dieu et de sa puissance, qu’il n’a pas peur d’affronter le mal avec les seules armes de l’amour et de la vérité ».
Dans son encyclique « Laudato si’ », le pape parlait d’écologie intégrale pour dire qu’une conviction écologique ne sera efficace que si elle investit tous les niveaux de notre présence au monde, du plus intime à l’international. C’est la même exigence d’absolu qu’il rappelle à propos de la non-violence : « Depuis le niveau local et quotidien, jusqu’à celui de l’ordre mondial, puisse la non-violence devenir le style caractéristique de nos décisions, de nos relations, de nos actions, de la politique sous toutes ses formes ! ».
À tous ceux qui désespèrent, à tous ceux qui cherchent un sens à leur passage sur terre, à tous ceux qui ne savent pas comment bâtir un monde meilleur, le pape François propose l’horizon lumineux de la non-violence. Son message du 1er janvier 2017 est un programme vaste et concret où chacun pourra puiser énergie et inspiration, un programme à lire, à relire pour qu’il nourrisse notre espérance et approfondisse nos propres engagements.
Jean-Pierre Rougeot
Membre de la commission Non-violence de Pax Christi