Aleksander Kondak, Conseiller Jeune de la Ville de Strasbourg, devant le Conseil municipal de Strasbourg le 27 février 2017

Aleksander Kondak, Conseiller Jeune de la Ville de Strasbourg, devant le Conseil municipal de Strasbourg le 27 février 2017

Le Conseil des jeunes de la Ville de Strasbourg, fort de vingt cinq années de fonctionnement, a lancé hier 27 février 2017 un appel solennel aux chefs d’Etat du monde entier sur le sort réservé aux enfants migrants. Une trentaine d’entre eux reviennent de Grande-Synthe, où ils ont visité un centre d’accueil humanitaire. Le Maire de Strasbourg, Roland Ries, s’est engagé, devant le Conseil municipal, à transmettre cet Appel au nouveau Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Aux Etats du monde

Enfant : Du latin infantem, accusatif de infans « qui ne parle pas »

Nous ne sommes pas de ceux qui préfèrent oublier. Oublier que même dans son pays, on ne respecte pas les droits les plus fondamentaux des enfants. On préfère fermer les yeux. Les Etats ne prennent pas conscience de l’ampleur de la situation.

Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Ouvrez vos yeux ! Partout autour de nous se passent des atteintes aux droits les plus fondamentaux des mineurs. Ce n’est pas parce que la voix des enfants, leur voix, notre voix ne porte pas aussi loin qu’elle n’existe pas. Nous sommes là, pratiquement sous vos yeux. Nous existons. Nous sommes spectateurs impuissants de ce monde qui dérive, qui dérive vers un monde déshumanisé, où les chiffres ont remplacé l’homme et les enfants, des chiffres parmi tant d’autres. L’égoïsme est la norme et non l’exception. Cessez vos paroles creuses et vos discours vain censés redonner la vie à des peuples déjà longtemps morts. Mais nous sommes là, vivants parmi les morts, portant de nouvelles idées, de nouvelles solutions. Les enfants ont le don de la parole avant 18 ans. Mais les mineurs ne sont pas que spectateurs de vos actions. Non. Ils sont aussi directement victimes de vos choix, de vos décisions. Nous les victimes silencieuses. Partout dans le monde, des victimes de l’ombre. Et vous ne faites rien. C’est bien vous qui avez signé les 54 articles de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, il y a plus de 25 ans. Et vous ne faites rien. Etait-ce encore une autre promesse parmi tant d’autres ?

Ce n’est pas parce que nous ne faisons pas partie de l’électorat que nous n’existons pas. Nous sommes là, même si je suis sûr, vous préfèreriez l’oublier, spectateur de ce monde, victime d’un monde où le profit dépasse l’humain. Vos choix ont fait tellement de victimes, des victimes innocentes. Des enfants. C’est énervant, hein ? Le monde n’est pas jetable. Nous sommes les adultes, les citoyens de demain. Quel monde nous lèguerez-vous ? Nous sommes toujours là, victimes muettes. Ouvrez vos yeux ! Agissez pour notre existence car nous existons. Demain, nous serons toujours là, dans un monde qui ne nous fait plus rêver. Demain, si vous ne faites rien, si nous ne faisons rien, ce monde demeurera inchangé, enfermé dans cette apathie qui lui sera fatale. Ouvrez vos yeux ! Agissez ! Les jeunes, réveillez-vous ! Et vous les politiques qui vous vous êtes relayés à la présidence des Etats. Agissez. Montrer que vous êtes dignes de ce nouveau siècle et de ce qu’il représente ! Ne tombez pas dans la morne apathie de ce monde, de cette Europe. Ouvrez-vos yeux ! Les victimes de l’ombre ont une voix. Nous sommes là !

Les Migrants. Quel horrible mot, dégradant l’être humain à un simple statut. Un chiffre parmi tant d’autres. Les migrants. Et parmi eux des enfants. Des enfants plein d’espoir, victimes sans voix comme tant d’autres de ce monde où la majorité est un permis pour exister. Arrivant plein de rêves, fuyant l’horreur que personne, et en particulier les enfants ne devraient voir, victimes, encore une fois de la barbarie humaine. Et vous les dédaignez, les privant des droits les plus fondamentaux. Des enfants. Des enfants innocents cherchant un monde meilleur. Vous les gouvernements qui vous appelez démocratiques vous voulez les oublier, ces migrants, ces enfants qui vous rappellent trop l’enfer de la guerre en cours. Vous fermez vos yeux. Et vous ne faites rien. Et c’est alors que l’enfer commence pour ces enfants. Enfants comme tous les autres, enfants du monde. Arrêtez d’essayer de nous oublier. Nous sommes là. C’est énervant, hein ? Protégez-nous, protégez-les. Hier il semble que vous nous avez donné des droits, donnez-nous des rêves ! Le rêve d’un monde meilleur qui nous semble maintenant bien loin de vos promesses stériles et infructueuses. Mais surtout, donnez aux jeunes une voix dans ce monde de plus en plus tourmenté car nous sommes là, citoyens du monde et victimes muettes de vos actions. Ouvrez vos yeux et agissez. Agissez pour les droits les plus nobles qui soient, pour ceux qui n’ont pas encore été pourris par la société, pour ceux qui essayent malgré tout d’avoir des rêves pour demain, les victimes silencieuses le plus innocentes qui soient de vos actions : les enfants. Tous les enfants de ce monde, même les migrants.

Réveillez-vous enfin !

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