Homélie du dimanche des « Rameaux » : 9 avril 2017
05 avr. 2017Ce dimanche en la fête des Rameaux nous lirons le texte le plus ancien de l'Evangile, celui que les premières communautés Chrétiennes considéraient comme un véritable trésor : le récit de la Passion. Ce récit nous met au cœur du scandale et du mystère de la haine, de la violence et du mal qui se déchaîne contre Jésus, le juste, le prophète, le Fils de Dieu, arrêté, insulté et bafoué comme un « malfaiteur» ! Comment comprendre cette « avalanche » du mal ? Comment comprendre d'autant plus qu'au début de la messe des Rameaux nous célébrons l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Jésus est « acclamé » comme un roi, alors même qu'il est monté sur un petit âne, par ceux là même qui vont très peu de temps après réclamer sa mort !
La Passion de Jésus c'est le mélange des oppositions et des contraires !
Jésus est le sauveur, et sur la croix on lui reproche d'être incapable de se sauver lui-même Jésus est nommé « le roi des Juifs », et il apparaît incapable de s’imposer. Jésus est le messie et les romains restent toujours maîtres de la Palestine.
En guérissant les malades, en ressuscitant les morts, en rendant la vue aux aveugles, Jésus s'était fait une belle réputation dans ce si petit pays. On attendait de lui pouvoir et puissance, gestes d'éclats et on a fait erreur sur sa mission.
En guérissant les aveugles, Jésus a voulu nous montrer notre aveuglement, incapables que nous sommes d'accueillir et de regarder les autres avec les yeux du cœur !
En libérant les paralysés, les boiteux, les pêcheurs de leurs entraves et de leurs péchés trop lourds, Jésus a voulu combien nous montrer que nous sommes paralysés, boiteux et pêcheurs quand nous sommes comme les pharisiens, enfermés dans notre suffisance et nos jugements sur les autres.
Jésus a découvert la plus petite miette de foi chez la cananéenne (une païenne pourtant) ou chez le centurion romain.
Ce n'est pas en utilisant la puissance ou la contrainte que Jésus a rempli sa mission, c'est par Amour. Ce n'est pas par des actions extraordinaires qu'il nous a montré qui il était, c'est en donnant sa vie. Là où l'on attendait une réponse à nos besoins immédiats : la nourriture, la santé, la sécurité, le confort, Jésus nous a ouvert les yeux sur des besoins plus profonds et plus importants encore : l'accueil de l'autre, le respect et l'amour. Jésus n'a négligé aucun des besoins de l'homme : il a connu la faim, la soif, la peur, l'angoisse et la souffrance ; mais il est venu nous montrer qu'il n'y a pas de «plus grand amour » que de donner sa vie pour ceux qu'on aime et que l'on ne peut pas prétendre aimer Dieu si l'on n'aime pas d'abord le plus petit parmi ses frères !
Il est bien difficile d'aimer en esprit et en vérité ! Alors dans cette semaine sainte, empruntons avec Jésus ce chemin du serviteur, où l'on découvre que c'est en donnant le meilleur de nous-même que l'on reçoit en surabondance !
Denis Chautard