Les Chrétiens sont perdus, paraît-il, dans la mascarade de la campagne présidentielle.
07 avr. 2017Et si les chrétiens appelaient un peu plus l’Evangile à la rescousse ?
Comme la grande majorité des Français – hélas -, les catholiques, nous dit-on, seraient perdus dans le charivari continu que nous réserve, les médias aidant, la préparation des prochaines échéances électorales… Je n’ai aucune peine à le croire, pensant même que nos frères protestants n’échappent pas à la tornade, quelques évêques non plus, paraît-il ! On peut tout à fait bien les comprendre. Sauf que, chez les catholiques, à ce malaise circonstanciel dû à la grave crise politique que traverse notre pays, s’ajoute une division grandissante et inquiétante. Elle s’est manifestée au moment du débat sur le mariage pour tous, puis dans les urnes, avec un acquiescement de plus en plus important au Front National et, plus récemment, dans une opposition grandissante au pape François. Comme il est prévisible en pareille circonstance, ce sont ces opposants, identitaires pour beaucoup, plus attachés aux normes et aux rites qu’au contenu de la foi, qui donnent de la voix. Par la parole et par écrit, j’en ai été témoin il y a quelques jours encore.
Alors oui, pour vous, chers Amis de notre réseau, et pour moi, soucieux, comme vous sans doute, de voir et d’entendre ce qui se passe et se dit à quelques semaines de la présidentielle, je suis allé rouvrir, à la page 83, un ouvrage qui ne me quitte pas depuis des années – et pour cause – puisqu’il a pour titre : « Politique, Eglise et Foi. Pour une pratique chrétienne de la politique » (1) et pour auteurs : Mgr Matagrin et le cher cardinal Etchegaray. Et j’y lis pour vous, et pour vous et moi ensemble :
« C’est en Eglise que l’on reconnaîtra qu’il est impossible d’entériner et de prôner purement et simplement, sans restriction aucune, n’importe quelle option politique. Il est clair que l’Evangile manifeste un certain nombre d’exigences éthiques qui sont tracées de façon tout à fait nette : le respect des pauvres, la défense des faibles, la protection des étrangers, la suspicion de la richesse, la condamnation de la domination exercée par l’argent, l’impératif primordial de la responsabilité personnelle, l’exercice de toute autorité comme un service, le renversement des pouvoirs totalitaires. La vigueur mobilisatrice de l’Evangile contre ces situations de défi et d’abus – qui sont encore le lot de notre actualité – peut, certes, s’exprimer au travers de choix politiques différents, mais aucun chrétien n’a le droit, sous peine de trahir sa foi, de soutenir des options qui acceptent, prônent, engendrent ou consolident ce que la révélation, tout comme la conscience humaine, réprouvent ».
A toutes et à tous, je souhaite bonne lecture. Non, nous ne sommes pas perdus ! A condition qu’aujourd’hui comme demain l’Evangile soit notre seule boussole et qu’il éclaire notre conscience avant de déposer notre bulletin dans l’urne. Pour nous y aider, ne manquez pas de lire tout à côté le “Regard sur le monde” de Mgr Pontier, un ami fidèle de Chrétiens de la Méditerranée.
Bonnes Fêtes de Pâques !
Jean-Claude Petit
Président de Chrétiens de la Méditerranée
(1) Politique, Eglise et Foi, Le Centurion, novembre 1972