Barack Obama s’est exprimé devant 80 000 personnes le 25 mai à Berlin. / John Macdougall/Afp

Barack Obama s’est exprimé devant 80 000 personnes le 25 mai à Berlin. / John Macdougall/Afp

Barack Obama était l’invité d’honneur du Kirchentag, le grand rassemblement des protestants allemands qui célèbre cette année les 500 ans de la Réforme de Martin Luther, le 25 mai.

L’ex-président américain a appelé la jeunesse à agir pour un monde meilleur.

« Engagez-vous ! » C’est avec cet appel que Barack Obama a pris à partie les 80 000 personnes venues l’écouter le 25 mai, devant la porte de Brandebourg, en plein cœur de Berlin. L’ex-président américain était l’invité d’honneur, aux côtés de la chancelière Angela Merkel, du rassemblement des protestants allemands (Kirchentag) qui a démarré mercredi 24 mai au soir et se termine dimanche 28.

Pour sa troisième prestation en public depuis 2008 dans la capitale allemande, Barack Obama n’a pas déçu une foule tout acquise à sa cause. « Quand il parle, il nous transporte », avance Sophie, une étudiante de 20 ans. « Il parle des problèmes de notre temps, de la crise des réfugiés, d’éducation. Cela me plaît. »

Le Christ et Martin Luther King en exemples

À la retraite depuis quatre mois, Barack Obama a fait de l’engagement citoyen et politique l’un de ses nouveaux chevaux de bataille à travers le lancement d’une fondation, basée à Chicago. « N’oubliez pas que les gens qui ont œuvré pour le mouvement des droits civiques aux États-Unis avaient votre âge », a-t-il lancé devant une foule constituée d’une majorité de jeunes. « Martin Luther King n’avait pas 40 ans lorsqu’il a été assassiné. Le Christ a lui aussi eu une vie courte mais il a changé le monde », a rappelé Barack Obama en suscitant une ovation.

« Vous pouvez accomplir beaucoup de choses à votre âge : votez, engagez-vous dans votre université, contre le changement climatique, contre la pauvreté. Vous ne changerez pas le monde du jour au lendemain mais votre action au quotidien aura un impact », a-t-il ajouté, avant de conclure par une formule : « Les cyniques ne changeront pas le monde. »

L’engagement, fil rouge de ces rencontres protestantes

Interrogé sur ses regrets durant ses huit années de présidence, Barack Obama a cité l’assurance médicale universelle (Obamacare) qu’il juge trop limitée et la tragédie syrienne. Mais l'ex président américain s’est voulu optimiste. « La nouvelle génération est beaucoup plus éduquée et tolérante que les précédentes. Mon souhait est qu’elle s’engage », a-t-il déclaré.

Dans la foule, une mère de famille apprécie le message mais en voit les limites. « Quel rôle puis-je jouer face à cet énorme défi que représente la crise migratoire », interroge-t-elle. « Je suis souvent perdue et me sens inutile. Ces encouragements sont beaux mais pas faciles à mettre en œuvre. »

Si l’engagement était au cœur de cette discussion entre Barack Obama et Angela Merkel, il est aussi l’un des fils rouges de ces rencontres protestantes qui célèbrent cette année les 500 ans de la Réforme de Martin Luther. Outre-Rhin, les Églises catholique et protestantes jouent un rôle de premier plan dans les débats politiques. Plusieurs représentants de partis font ainsi partie du comité d'organisation de ce Kirchentag.

« C’est une erreur de ne pas faire de compromis en politique »

Devant la foule, Barack Obama n’a pas craint, d’ailleurs, d’évoquer le rôle joué par sa foi dans sa pratique du pouvoir. Élevé par une mère athée, l'ex-président américain s'est converti au protestantisme en 1988, dans la banlieue sud de la ville de Chicago où il travaillait à l'époque dans un centre social.

« Dans nos croyances religieuses, il y a des choses avec lesquelles nous ne voulons pas faire de compromis », a-t-il souligné. « Mais c’est une erreur de ne pas faire de compromis en politique. Nous devons nous baser sur des principes moraux et éthiques pour créer des ponts avec les autres. Dans ma propre foi, je trouve toujours utile de laisser la part au doute. J’essaie d’être humble. Je pense que Dieu ne me parle pas à moi seul. Dans un monde pluriel, il faut essayer de voir que chacun d’entre nous détient une part de la vérité. »

À ses côtés, la chancelière allemande, fille d’un pasteur luthérien et habituellement plus réservée sur ses convictions religieuses, évoque elle aussi son lien avec la religion. « Ma foi signifie qu’il existe quelque chose au-dessus de moi et en moi », souligne-t-elle, à sa suite. « Elle me pousse à agir tout en sachant que je peux faire des erreurs. Elle me donne le courage d'agir et de voir les autres. »

Entre Angela Merkel et Barack Obama, les points d'accord étaient visibles et nombreux sous le soleil printanier de la capitale allemande. « Angela a été l'une de mes partenaires préférées durant ma présidence », a lancé l’ex-président américain. Peu surprenants de la part d’un homme qui, ces dernières années, a soutenu à plusieurs reprises la politique d’ouverture d’Angela Merkel envers les migrants, ces mots ont résonné le 25 mai comme un adoubement à peine voilé envers une chancelière qui remet son mandat en jeu en septembre.

Cinq jours de rassemblement

Le Kirchentag est le grand rassemblement de l’Église protestante allemande. Organisé tous les deux ans depuis 1949, il a débuté à Berlin mercredi 24 mai avec la célébration de trois offices religieux.

Cette 36e édition s’insère dans « l’année Luther » qui marque le 500e anniversaire de la Réforme. Cent quarante mille personnes sont attendues à ces cinq journées de festivités, de rencontres et de débats dans la capitale allemande.

Programme : Le soir du samedi 27 mai, les pèlerins se rendront à Wittemberg à 100 km au nord de Berlin, pour une grande veillée, là où Martin Luther placarda ses 95 thèses le 31 octobre 1517. L’office religieux de clôture s’y déroulera le lendemain matin, au bord de l'Elbe, en présence de l’archevêque anglican sud africain Thabo Makgoba.

Delphine Nerbollier, à Berlin

 

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