Homélie du dimanche 14 mai 2017
11 mai 2017Actes 6, 1-7, Psaume 32 (33), 1 Pierre 2, 4-9, Jean 14, 1-12
Parmi les longues confidences que Jésus a faites à ses disciples, quelques jours avant sa mort, et que l’évangile de ce dimanche nous rapporte, je n’ai retenu que trois mots de Jésus, trois mots seulement : ‘’Je suis le chemin’’.
Cela suffit pour ce dimanche, car ces trois mots ont une signification intense pour notre vie de croyants. C’est un message plein d’espérance.
Au moment où Jésus parlait à ses apôtres, ceux-ci étaient bouleversés.
Les adversaires de Jésus, qui avaient mis en œuvre tous les moyens de faire échec à sa mission sans y parvenir, étaient décidés à employer la manière forte pour le faire disparaître. Jésus le pressentait et l’avait dit à ses apôtres qui en étaient bouleversés.
Jésus leur dit : ‘’Ne soyez pas bouleversés, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Je suis le chemin’’… c’est un chemin de vie. L’amour peut transfigurer la vie, l’amour peut aussi transfigurer la mort.
Au moment où s’écrit l’évangile de Jean, soixante ans après les évènements, les communautés chrétiennes étaient aussi bouleversées. Les chrétiens, en Palestine, au Proche-Orient et ailleurs, avaient beaucoup souffert, ils avaient subi les attaques persistantes de milieux juifs, ils avaient enduré les persécutions du pouvoir romain. Légitimement ils se demandaient si la foi en Jésus servait à quelque chose et si le Christ ne les avait pas conduits à une impasse.
L’apôtre Jean leur rappelle les paroles de Jésus : ‘’Ne soyez pas bouleversés, je suis le chemin’’. Non, Jésus ne vous a pas conduits à une impasse. Il est le chemin, c’est un chemin de vie même à travers la mort.
Et aujourd’hui, c’est à nous que Jésus adresse cette parole, et ces trois mots sont pour nous aussi un message d’espérance.
Fameux message d’espérance en l’an 2017 où le monde cherche sa route, où les sociétés se heurtent bien souvent à des murs.
Fameux message d’espérance pour chacun de nous. Quand nous ne savons plus trop où nous en sommes, il nous est bon d’entendre cette parole de Jésus : ‘’je suis le chemin’’.
Oui, nous pouvons risquer notre existence derrière Jésus, dans la recherche quotidienne et obstinée de l’amour. Affection, tendresse, dévouement à nos proches, attention aux plus petits, combat pour la justice, lutte pour le partage des biens.
C’est le bon chemin, un chemin de vie, le chemin, disons le mot, de la vie éternelle.
Mais, attention, la vie éternelle n’est pas une vie qui ne commencerait qu’après la mort. C’est aujourd’hui, c’est maintenant qu’il faut suivre le Christ, vivre de sa vie, s’accrocher à ses pas. C’est aujourd’hui qu’il faut bâtir, édifier comme une esquisse, un avant-goût du royaume à venir. C’est notre façon d’aimer ici-bas, aujourd’hui qui sera agrandie, accomplie. Jésus est le chemin qui conduit vers le Père.
Revenons à la première lecture : quel chemin nouveau la jeune communauté de Jérusalem va-t-elle ouvrir pour résoudre un problème de cohabitation entre les frères de langue grecque et ceux de langue hébraïque ?
Très concrètement, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est l’inégalité flagrante dans les secours portés quotidiennement aux veuves.
Les apôtres convoquent toute l’assemblée des disciples et c’est en assemblée plénière que la décision sera prise. Il y a donc là un fonctionnement traditionnel de l’Eglise… Il faudrait sûrement tendre à le retrouver.
Ensuite, ils rappellent l’objectif : il s’agit de rester fidèles à trois exigences : la prière, le service de la Parole, et le service des frères. Enfin ils n’hésitent pas à proposer une organisation nouvelle : innover n’est pas manquer de fidélité. Au contraire, la fidélité exige de savoir s’adapter à des conditions nouvelles.
Si Jésus est le chemin, on n’a pas trop de toute sa vie pour le parcourir.
L’Esprit Saint saura toujours inspirer à chaque époque les innovations qui seront indispensables pour assurer les diverses mission et priorités de l’Eglise.
Louis DURET
Prêtre du Diocèse de Savoie