Le patron de l'ONU critique les réticences des Etats à accueillir des migrants
17 mai 2017Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, dans un discours devant le Parlement européen à Strasbourg, le 17 mai 2017 / AFP
Les réticences de certains Etats à accueillir des réfugiés entament leur "autorité morale" pour défendre les droits de l'homme, a estimé mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, dans un discours devant le Parlement européen à Strasbourg.
"La récente crise des réfugiés dans le monde a sapé dans une certaine mesure l'autorité morale de plusieurs pays dans le monde pour défendre efficacement les droits de l'homme", a jugé M. Guterres, qui s'exprimait pour la première fois depuis son entrée en fonction le 1er janvier devant l'assemblée à Strasbourg.
L'ex-Premier ministre portugais - premier ressortissant d'un pays de l'UE à diriger l'ONU - n'a pas spécifiquement désigné des pays européens comme mauvais élèves en la matière.
Mais ces propos surviennent alors que la Commission européenne a haussé le ton mardi contre la Hongrie et la Pologne, à cause de leur refus d'accueillir des demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce.
Lors d'une conférence de presse, organisée après son discours dans l'hémicycle, M. Guterres a regretté qu'en 2015, alors qu'il était lui-même à la tête du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), les pays européens n'aient pas fait preuve de plus de solidarité entre eux pour se répartir les centaines de milliers de réfugiés débarqués sur leurs côtes.
"Ce problème aurait pu être gérable si l'Europe avait été capable de le faire avec une pleine solidarité entre ses Etats membres", a estimé le secrétaire général, qui a "encouragé tous les pays européens à exprimer leur solidarité envers les pays d'entrée" des migrants, "de manière à ce que l'Europe dans son ensemble soit capable de faire face à ce problème".
Un million de migrants arrivés en Europe, "c'est beaucoup. Mais ça représente à peine 2% de la population de l'Union européenne. Alors que le Liban compte un tiers de réfugiés dans sa population", a-t-il observé.
M. Guterres a appelé à un "engagement fort" de l'UE pour instaurer un "régime international de protection des migrants".
Les Européens devraient également s'engager dans l'élaboration du "Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières" que l'Assemblée générale des Nations unies devrait approuver en 2019, a plaidé le secrétaire général.
Le responsable onusien a par ailleurs estimé "essentiel" que "le monde applique les accords de Paris" sur le climat, malgré les réticences de l'administration Trump aux Etats-Unis.
"Si certains gouvernements avaient des doutes quant aux objectifs poursuivis, raison de plus pour que les autres persistent et travaillent à la mise en oeuvre des accords", a-t-il insisté, soulignant que les pays qui refuseraient aujourd'hui de se lancer dans l'"économie verte" s'en "mordraient les doigts dans quelque temps".
Enfin, M. Guterres a assuré qu'il s'efforçait de réformer les Nations unies "pour qu'elles deviennent plus efficaces" et "répondent mieux aux attentes des citoyens".
afp