Réfugiés : l’intégration contre l’identité figée

72 % des français estiment que l’intégration fonctionne mal en France. Ils étaient 37 % en 2005. La France est traversée par une période de doute entre repli communautaire et regain xénophobe. Pourtant la part des étrangers évolue peu et la sécularisation s’accélère. À l’intérieur de cette question aux multiples facettes figure en bonne place la bonne intégration des réfugiés statutaires. Leur nombre a augmenté (+36000 en 2016), c’est inédit et c’est heureux grâce au travail de l’Ofpra. 2017 restera sur cette tendance.

Or, notre réponse est mal coordonnée, trop lente et insuffisante sur des aspects essentiels comme l’apprentissage du français et la formation professionnelle. Des progrès ont été faits dans le cadre du plan migrant, des initiatives ont été prises mais nous sommes loin du compte. Cette situation est d’autant plus absurde et préjudiciable que la France a tout à gagner à faciliter l’expression de cette volonté et de cette énergie de personnes souvent jeunes. La Suède par exemple dispose d’une agence compétente sur l’ensemble des questions d’intégration des réfugiés. En France, des initiatives sont prises, l’Ofii est à la tâche, mais cela reste artisanal dans un contexte où tout le monde s’occupe de tout.

Une politique cohérente et coordonnée sur l’intégration des réfugiés est nécessaire qui s’appuierait sur une approche globale avec un renforcement de l’apprentissage linguistique, la transmission de nos valeurs, une formation professionnelle mise en place rapidement, une relation étroite avec les entreprises et leurs organismes paritaires. Si l’on ne veut pas que notre pays se pense dans une identité figée, ce travail-là est d’une urgence absolue.


Pierre HENRY, Directeur général de France terre d'asile

http://www.france-terre-asile.org/

Mai 2017

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