Le GFU donne la possibilité de vivre sa vocation tout en ayant une vie étudiante. / Crédit Frederic Maigrot/Rea

Le GFU donne la possibilité de vivre sa vocation tout en ayant une vie étudiante. / Crédit Frederic Maigrot/Rea

J’ai participé samedi 16 septembre à l’anniversaire des 50 ans des Groupes de Formation Universitaire au Séminaire Saint Sulpice à Issy les Moulineaux (grand moment de retrouvailles et d’émotion !) en présence d’une dizaine de GFU actuels, de leurs formateurs, de quatre vingt prêtres et de quelques pères de familles qui ont vécu la formation en GFU au cours des 50 dernières années et de 5 évêques dont deux ont été membres des GFU (Laurent ULRICH, archevêque de Lille et Pascal ROLLAND, évêque de Belley Ars). J’ai été moi-même « en GFU » d’octobre 1969 à août 1973 à Paris avant de rejoindre la Mission de France et d’être ordonné diacre au Carmel de Mazille le 3 juillet 1976 et prêtre au Centre Œcuménique Saint Marc à Grenoble le 4 février 1978.

Le groupe de formation universitaire (GFU), qui permet aux jeunes de mener de front les études et le séminaire, fête samedi 16 septembre ses 50 ans.

Quand Maxime Begyn, étudiant en master de philo à Lyon, a rencontré pour la première fois son évêque pour lui faire part de son envie de devenir prêtre, il n’avait que 17 ans. « L’évêque m’a écouté pendant deux heures… J’étais encore au lycée, j’avais ressenti un appel très jeune mais je voulais quand même entreprendre des études profanes. » Quinze jours plus tard, l’évêque le rappelle et lui propose de devenir « GFU ». Un nom de code bien connu dans l’Église de France, pour « Groupe de formation universitaire ».

Ce parcours sur mesure pour les étudiants désirant devenir prêtres sans pour autant abandonner leur cursus est né il y a tout juste cinquante ans, sous les auspices de la Mission de France et des mouvements d’action catholique. « À l’époque, en 1967, le nombre de séminaristes était en chute libre et les évêques avaient décidé de fermer les petits séminaires, raconte le père Emmanuel Goulard, supérieur du séminaire GFU. Le GFU a donc été pensé comme un lieu de discernement et de première formation tout en poursuivant des études universitaires. »

« Éprouver la vocation en partageant le quotidien des gens »

Une spécificité française qui, en un demi-siècle, a fait son petit bonhomme de chemin. S’ils représentaient une centaine de séminaristes quand le père Bruno Cazin, vicaire général du diocèse de Lille et médecin, a bénéficié de ce parcours au début des années 1980, on compte aujourd’hui 17 GFU dans tout le pays, pour quatre à cinq nouvelles entrées chaque année.

Un recrutement plutôt constant ces dernières années, dont la courbe épouse celle de l’ensemble des vocations. Mais pour le spécialiste en hématologie, ce parcours garde toute sa raison d’être. « C’est à l’hôpital que j’ai appris le Christ et l’Évangile et c’est pour ça que j’y suis resté, poursuit le père Cazin. Le parcours GFU permet aux étudiants ou aux jeunes professionnels d’éprouver leur vocation en partageant le quotidien des gens. »

« Faire entre deux vies, voire trois, en une »

Un séminaire hors les murs, en somme, où se conjuguent pleinement vie de séminariste et vie d’étudiant en attendant de rejoindre, diplôme d’ingénieur ou de philo en poche, le cursus classique de théologie conduisant à la prêtrise. « Tout l’enjeu est de faire entrer deux vies, voire trois, en une », résume Maxime Begyn.

L’étudiant en philo enchaîne dans une même journée les temps de prière dans son logement ou dans le train, les cours sur le campus, la participation à une messe quotidienne et l’animation de l’aumônerie des jeunes à la paroisse de Montluel (Ain). Sans compter les week-ends mensuels de formation et les diverses retraites pour GFU encadrées par des prêtres accompagnateurs. Pas toujours facile, dans ces conditions, de trouver du temps pour les soirées étudiantes.

« Grâce à cette formule, j’ai rencontré des gens, y compris des amitiés féminines, que je n’aurais jamais croisés dans un séminaire classique, poursuit Maxime. Mais cette plus grande liberté requiert une certaine cohérence : par exemple, je ne vais pas dans les soirées étudiantes pour emballer les filles… Cette unité entre plusieurs vies préfigure les situations réelles qui m’attendent si, un jour, je suis ordonné prêtre. »

 

Samuel Lieven

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