La Passion du Christ - Arcabas

La Passion du Christ - Arcabas

« Jusqu’à l’extrême… »

Nous venons de lire deux chapitres entiers de Saint Marc. Cela correspond à un cinquième de son évangile. La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est vraiment l’événement central de notre foi.

 Tout nous dépasse dans ce récit. Nous sommes scandalisés et, finalement, perdus devant tant de haine et de jalousie, tant de cruauté, tant de jugements hâtifs et de décisions si injustes, de violences, de trahisons, de reniements, de lâchetés. Parce qu’en fait, dans tout ce récit, il reste une seule question : « Comment est-ce possible ? Comment veut-on vouloir tant de mal à quelqu’un qui n’a fait que du bien à tout le monde ? »

 La réponse nous est donnée dans l’Écriture, d’abord dans la lecture du prophète Isaïe. Le serviteur dont nous parle le prophète ne se dérobe pas devant les coups qui s’abattent sur lui : « J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ». Mais auparavant, on nous dit : « Chaque matin, le Seigneur éveille mon oreille pour que j’écoute comme un disciple ». On a l’impression de suivre le parcours de la Parole de Dieu en lui. Elle vient à son oreille, descend au fond de son cœur, puis elle monte jusqu’à ses lèvres. Texte magnifique qui peut s’adresser à nous tous : nous mettre chaque matin à l’écoute de sa Parole, de sorte qu’au long de la journée, nous ayons une « langue de disciple » pour dire aux autres des paroles de réconfort. Devenir une fontaine de miséricorde pour que ceux que nous allons croiser dans la journée puissent s’y désaltérer.

 La réponse à cet excès de haine nous est donnée dans l’attitude de Jésus tout au long de sa Passion. Il a voulu nous aimer jusqu’à l’extrême, disons même jusqu'à la folie.  Voilà la vérité de la Passion. C’est un amour qui sera capable d’emporter et de dépasser tous ces débordements de colère et de violence. Il sera victorieux même de la mort, voilà notre assurance et notre foi.

Alors pourquoi Jésus crie-t-il sa détresse ? En fait, vous le savez, il est en train de prier. Comme tout juif, et comme beaucoup d’entre vous, il connaît les psaumes, et dans cette heure suprême, il les récite par cœur. Évidemment quand il arrive sur ce premier verset du psaume 21, il est saisi jusqu’au plus profond de sa chair, car c’est exactement ce qu’il est en train de vivre. Et cette phrase devient pour lui un cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Les chiens me cernent… Pourtant si nous poursuivons la lecture du psaume, nous entendons un peu plus loin : « Maintenant, tu m’as répondu, tu es avec moi, tu ne m'abandonneras pas ! ».

Certes, Jésus a le sentiment d’être abandonné, mais en même temps, il sait qu’il ne peut pas s’en remettre aux mains des hommes. C’est pourquoi il s’en remet au Père. Dans ses mains, la vie continuera de jaillir. D’ailleurs, après ce passage, dans le récit cruel de la Passion, tout devient doux. Le centurion, un païen, dit cette parole admirable : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ».

 Mes amis, quand arrive l’heure des difficultés ou des obstacles graves, nous sommes tous plus ou moins perdus. Alors, du récit de la Passion, nous pouvons retenir ces mots : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » et « Père, tu m’as répondu ». Face à un excès de haine, Jésus a répondu par un excès d’amour. Depuis ce jour-là, un chemin nouveau est ouvert pour notre humanité

Louis DURET

Prêtre du Diocèse de Chambéry

Lien à la Source

Retour à l'accueil