Image d'archive d'un naufrage en Méditerranée. Crédit : Reuters

Image d'archive d'un naufrage en Méditerranée. Crédit : Reuters

Depuis plusieurs semaines, les morts de migrants au large de la Libye se multiplient alors que plus aucun navire humanitaire ne patrouille dans la zone. Actuellement, les secours sont principalement opérés par les garde-côtes libyens qui se disent dépassés par l’ampleur de la tâche.

"Le nombre de morts en mer au large des côtes libyennes augmente de façon alarmante", a mis en garde lundi 2 juillet dans un communiqué Othman Belbeisi, chef de mission de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en Libye.

Selon les chiffres de l’organisation, environ 1 000 personnes sont décédées depuis le début de l’année en Méditerranée, alors qu’un peu moins de 30 000 départs ont été recensés depuis les côtes libyennes - l’an dernier à la même période, 94 000 personnes avaient pris la mer en direction de l’Europe et 2 100 avaient péri en Méditerranée.

"Proportionnellement au nombre des départs, on constate une nette augmentation des décès en mer pour l’année 2018, notamment en juin", précise à InfoMigrants Flavio di Giacomo porte-parole de l’OIM en Italie. Depuis le début du mois de juin, 500 migrants ont trouvé la mort au large des côtes libyennes, soit le même nombre que de janvier à juin.

Aucun navire humanitaire ne patrouille au large de la Libye

Comment expliquer une telle augmentation ? Depuis plusieurs jours, plus aucun navire humanitaire ne patrouille au large de la Libye. L’Aquarius affrété par SOS Méditerranée est à quai à Marseille (dans le sud de la France), le Sea-Watch 3 et le Lifeline sont eux bloqués à Malte. Depuis l’accord européen du 29 juin qui demande aux humanitaires de "ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens" - dont la zone de recherche et de sauvetage a été étendue - la situation est floue en Méditerranée. "On prend le temps de réfléchir et de comprendre les différentes informations contradictoires dont nous disposons pour prendre une décision", explique à InfoMigrants Laure Garel de SOS Méditerranée.

"La coïncidence entre la multiplication des décès et l’absence des navires humanitaires au large de la Libye est pour le moins troublante. On peut évidemment faire le lien", note à InfoMigrants Michaël Neuman, directeur d'études au Centre de réflexion sur l'action et les savoirs humanitaires (Crash) de MSF. Flavio di Giacomo suppose également "que sans les ONG on va voir plus de morts en Méditerranée". Les actions des ONG en mer représentent 35% des personnes sauvées.

De plus, le chiffre de 500 décès depuis le mois de juin est à nuancer. "Sans les ONG qui jouaient un rôle de témoin, il est plus difficile de compter les morts", signale encore Michaël Neuman. La zone de recherche étant tellement étendue, il est probable que plusieurs naufrages soient passés sous les radars des décomptes officiels.

La Libye dépassée

Face à la multiplication des drames, les garde-côtes libyens se disent dépassés. Ces derniers affirment manquer cruellement de moyens suffisants et de ne disposer que de quatre "vieux" navires prêtés par l’Italie.

Lundi 2 juillet, le gouvernement italien a annoncé qu’il allait offrir 12 vedettes aux autorités libyennes, d’un coût de 2,5 millions d’euros, pour les aider à mieux lutter contre les tentatives des migrants de rejoindre l’Italie.

Reste que la Libye peut difficilement gérer seule les missions de secours en mer. "Quand nous étions présents en Méditerranée, on manquait déjà cruellement de ressources. En notre absence, les capacités de sauvetage sont moindres et les risques de morts beaucoup plus importants", insiste Laura Garel de SOS Méditerranée. Les survivants d’un naufrage récupérés en mer par les Libyens ont en effet raconté ces derniers jours à l’OIM qu’ils avaient été secourus trop tard, avec pour conséquence la mort par noyade de plusieurs personnes à bord.

Leslie Carretero

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