JMJ au Panama. Le pape François appelle les jeunes à la « révolution »
21 janv. 2019Le pape François donnera mercredi le coup d’envoi des 34e Journées mondiales de la jeunesse au Panama. Les thèmes de la pauvreté, de la corruption ou de l’émigration figureront au programme des échanges. Dans un message vidéo adressé aux 150 000 jeunes catholiques de plus de 150 pays, le souverain pontife exhorte la jeunesse « à changer le monde ».
Le pape François est attendu mercredi à Panama en Amérique centrale, pour une nouvelle édition des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) où il sera accueilli par au moins 150 000 jeunes catholiques de plus de 150 pays, auxquels il a d’ores et déjà demandé de prendre la tête d’une « révolution » pour « changer le monde ».
Après Rio de Janeiro en 2013, l’année de son élection, Cracovie en 2016, Jorge Bergoglio, 82 ans, assistera aux troisièmes JMJ de sa papauté dans le petit pays de 4 millions d’habitants, premier État d’Amérique centrale à les organiser.
Le premier pape argentin et latino-américain de l’Histoire ne manquera pas d’y aborder des sujets propres à son continent comme la pauvreté, la corruption ou l’émigration. Il s’adressera d’ailleurs tout particulièrement à de nombreux jeunes migrants, a précisé le Saint-Siège.
« Nos jeunes ont besoin, particulièrement en Amérique centrale, qu’on leur donne des opportunités » face à « la dure réalité qui les force à émigrer ou les fait tomber entre les griffes des narco-trafiquants », a commenté l’archevêque de Panama, Mgr José Domingo Ulloa, de passage à Rome.
Chaque année, environ un demi-million de personnes d’Amérique centrale traversent le Mexique à la recherche du rêve américain, mais l’an dernier les migrants ont décidé de circuler en groupe, en misérables caravanes. L’année 2018 a également été marquée par l’exode massif de Vénézuéliens fuyant la crise économique et politique dans leur pays.
Avant le coup d’envoi de cette 34e édition des Journées mondiales de la jeunesse (un rendez-vous institué par Jean-Paul II), le pape François a demandé aux jeunes via un message vidéo de se mettre au service des autres, « une révolution qui peut vaincre les grandes puissances ».
« Beaucoup de jeunes, croyants ou non croyants, au terme d’une période d’études, manifestent le désir d’aider les autres, de faire quelque chose pour ceux qui souffrent. Telle est la force des jeunes, votre force à tous, qui peut changer le monde », a-t-il dit.
Le septième voyage du pape sur ses terres d’Amérique latine comprendra au lendemain de son arrivée des rencontres avec les autorités gouvernementales du Panama puis avec les évêques du pays, avant un premier bain de foule avec des jeunes au bord de l’océan. D’ici son départ du pays dimanche, François se rendra aussi dans un centre accueillant des jeunes atteints du sida, ainsi que dans une prison pour mineurs.
Le pape incite les jeunes à construire activement leur vie et à prendre des risques, au lieu de se réfugier passivement « dans un canapé » comme « des retraités ».Il a aussi à cœur de critiquer leur usage excessif des téléphones portables ou leur goût pour la liberté amoureuse sans contraintes. « En amour, tu dois mettre toute la viande sur le gril », a-til au contraire conseillé à des jeunes à Rome, employant un dicton argentin.
Son déplacement s’inscrit dans le prolongement d’une assemblée mondiale d’évêques (synode) consacrée spécifiquement aux jeunes en octobre dernier, durant laquelle les prélats ont été appelés à mieux écouter une génération qui fuit l’Église.
Lors de son dernier voyage, en Estonie, le pape avait aussi relevé que les jeunes « sont indignés par les scandales sexuels et économiques, face auxquels ils ne voient pas une nette condamnation », notant sans fard que beaucoup « trouvent la présence de l’Église pénible voire irritante ».
Si aucune rencontre avec des victimes d’agressions sexuelles par le clergé ne figure au programme officiel à Panama, deux Costariciens ont demandé à rencontrer le pape. Ils disent avoir été victimes d’un prêtre et accusent l’archevêque de San José d’avoir couvert ces crimes.
Le dernier voyage du pape sur son continent l’avait mené en janvier 2018 au Chili, où il avait maladroitement soutenu un évêque pourtant soupçonné d’avoir tu les agissements d’un vieux prêtre pédophile. Le déplacement s’était transformé en fiasco et avait marqué un tournant dans sa papauté.
François, qui n’a eu de cesse depuis lors d’affirmer son intransigeance face aux « abominations » de la pédophilie, prépare pour la fin février au Vatican une réunion mondiale de prélats très attendue sur « la protection des mineurs » au sein de l’Église.