Homélie du vendredi 26 avril 2019

Evangile de Jean 21,1-14

La pêche miraculeuse, la troisième apparition de Jésus ressuscité dans l’Evangile de Saint Jean.

Nous sommes dans le temps de Pâques. Fêter la résurrection de Jésus ne consiste pas à oublier sa passion ni sa mort.

Le premier jour de la semaine sainte, le lundi saint, nous avons été témoin de ce drame épouvantable : Notre Dame de Paris dévastée par un incendie. Le parvis de Notre Dame est le point zéro de toute route de France. Notre Dame ! En France toutes les routes partent de Notre Dame et toutes les routes reviennent à Notre Dame !

De même, dans notre foi Chrétienne tout part de la résurrection de Jésus et tout s’achève au dernier jour, le jour où nous ressusciterons tous avec lui.

La « résurrection », cet « article » de notre foi, si difficile. Il pose tant de questions et suscite tant de doutes ! D’ailleurs de nombreux Chrétiens avouent avoir du mal à croire à la résurrection.

L’Evangile de ce jour dans le temps de Pâques nous enseigne comment les premières communautés ont été confrontées à cette épreuve de la foi et comment elles y ont répondu.

La première remarque qui s’impose c’est que les apôtres après la résurrection de Jésus sont retournés à leur quotidien, leur travail de pêcheurs. Ils ont retrouvé l’épreuve et l’usure du quotidien : passer la nuit à pêcher sans rien prendre !

Jésus ressuscité les attend sur « l’autre rive » du Lac de Tibériade avec du pain et du poisson grillé au feu mais ses apôtres, qui certes l’ont vu, ne l’ont pas encore « reconnu » ! Rappelez-vous cette parole des anges au tombeau : « Ne le cherchez pas ici. Il vous précède en Galilée ». La Galilée est l’autre rive du Lac de Tibériade, le pays des païens ! Jésus ressuscité est là au cœur ne notre quotidien mais nous ne savons pas le voir !

Jésus nous demande « les enfants, avez-vous quelque chose à manger ? ». Mais nous n’avons rien ! Il invite les apôtres à jeter les filets de l’autre côté de la barque. Là l’incroyable se produit le filet est plein à craquer, mais il ne se déchire pas ! Cent cinquante-trois poissons ! L’évangile est précis ! Pourquoi ce nombre ? Beaucoup d’interprétations ont vu le jour dans l’histoire de l’Eglise. J’en retiens une et pas n’importe laquelle, celle de Saint Augustin ! Saint Augustin remarque que à l’époque du Christ toutes les ethnies, toutes les nations connues à Jérusalem étaient au nombre de dix-sept. Et ce nombre de 153 exprime la somme des nombres de 1 à 17. Il représente la totalité des nations connues à l’époque !

Jésus transforme notre quotidien rude et aride, cette difficulté à trouver du sens, à voir la lumière, en récolte inattendue et exceptionnelle ! L’humanité entière réunie, rassemblée dans l’unité (le filet ne s’est pas déchiré !)

Cette autre rive sur laquelle Jésus se tient n’est pas seulement celle de la Galilée, le pays des païens, mais aussi celle du « Jour du Seigneur », celle où le Christ rassemblera les peuples, les langues et les races de toute la terre et ce jour où tous le reconnaitront !

Jésus partage le pain et le poisson. Le signe du repas Eucharistique, ce repas qui préfigure le « Jour du Seigneur » !

J’aime beaucoup les paroles de ce chant : « Dieu avait faim de l’Homme, il a pris nos chemins et c’est lui qui se donne au partage du pain » !

J’ajoute un point qui me parait fondamental : comment les apôtres ont-ils reconnu Jésus. C’est Jean le premier, le disciple que Jésus aimait, (un intime de Jésus !) qui a ressenti la présence du Seigneur et qui l’a reconnu. Mais comme au tombeau vide où Jean était arrivé le premier, alors que c’était Pierre qui était entré d’abord. Ici c’est également Pierre qui se « jette à l’eau » le premier pour aller à Jésus. Il était nu du fait de sa trahison, mais il ne reste pas prisonnier de sa faute et court au-devant du Seigneur !

La rencontre du ressuscité est une rencontre personnelle qui bouleverse nos vies et qui nous donne force, paix et lumière au cœur de nos vies éprouvées par la faim, la nuit et le non-sens !

Denis Chautard

Homélie prononcée lors de la messe du vendredi 26 avril 2019

Prieuré de Béthanie à Blaru (Yvelines)

Ecrite le samedi 27 avril 2019

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