L’an dernier, près de 7000 personnes sont entrés illégalement à Ceuta et Melilla | Photo: Reuters

L’an dernier, près de 7000 personnes sont entrés illégalement à Ceuta et Melilla | Photo: Reuters

Qu’arrive-t-il aux migrants qui entrent illégalement dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc ? Explications.

Ceuta et Mellila sont deux villes espagnoles autonomes qui se trouvent au nord du Maroc au niveau du détroit de Gibraltar et de la Mer Méditerranée. Ces enclaves partagent une frontière terrestre commune avec le Maroc et sont le seul moyen d'arriver sur le territoire européen depuis l'Afrique sans passer par la Méditerranée.

Chacune de ces deux villes est entourée et protégée par une clôture d'environ 16 mètres de haut. Melilla est plus petite que Ceuta. La frontière là-bas est érigée sur trois niveaux. Sa clôture extérieure est faite d'un grillage au maillage très serré.

En 2018, près de 7000 personnes ont illégalement traversé les frontières pour entrer dans ces deux enclaves, ce qui a représenté environ 12% du nombre total d'arrivées irrégulières en Espagne.

Malgré la dangerosité, escalader et forcer le passage des clôtures est la méthode la plus utilisée par les migrants.

D’autres, moins nombreux, essaient d'arriver dans ces enclaves à la nage en contournant les clôtures qui se jettent dans la mer. Enfin, certains prennent le bateau, quitte à payer un passeur pour le trajet.

En mai, trois migrants, dont une adolescente de 15 ans, ont presque perdu la vie lors de leur tentative de passer le poste frontière en voiture. Ils étaient cachés dans des compartiments sous le tableau de bord et derrière les sièges.

La demandes d’asile

Ceux qui passent la frontière du Maroc vers Ceuta ou Melilla se trouvent techniquement sur le territoire espagnol et donc sur le territoire de l’Union européenne. Les migrants sont ainsi susceptibles de demander la protection internationale dans le cadre du droit d’asile en Espagne.

Néanmoins, il est souvent arrivé que les autorités espagnoles renvoient des migrants vers le Maroc au lieu de les emmener en Espagne. Cette procédure d’expulsion connue sous le nom de "renvois à chaud" est autorisée par une loi spéciale adoptée en 2015, malgré les critiques des organisation humanitaires.

Une fois à Ceuta ou Melilla, les migrants sont emmenés dans des centres de séjour temporaire (CETIs) où ils peuvent déposer leur demande d’asile.  Comme ces deux enclaves font partie de l’Espagne, Ceuta et Melilla font également partie de l’espace Schengen qui garantit la liberté de mouvement. Mais encore une fois, les règles sont différentes pour les demandeurs d’asile et les migrants clandestins puisqu’ils ne sont pas autorisés à rejoindre la métropole espagnole sans la permission de la police nationale.

Pendant la procédure de demande d’asile, les migrants restent généralement ans les CETIs, parfois jusqu’à un an, avant d’être transféré vers la métropole. Les conditions de vie y sont plus dures que dans le reste de l’Espagne. Ces centres sont largement surpeuplés, au point de voir des enfants dormir sur des matelas posés au sol. 

L'enclave espagnole de Ceuta

 

Les Africains subsahariens exposés à plus de risques

Il est également possible d’entrer dans les deux enclaves en passant légalement un poste frontière. Du côté espagnol se trouve alors un bureau pour les candidats à l’asile. Cependant, quasiment tous ceux qui ont choisi la voie légale pour passer sont des Syriens, des Palestiniens, et des Maghrébins. Les migrants d’Afrique subsaharienne sont régulièrement interceptés par les autorités marocaines s’ils s’approchent des postes frontières. Ainsi, ils sont peu nombreux à accéder à la possibilité de demander l’asile.

Ces personnes se rabattent alors sur les moyens illégaux, comme se cacher dans une voiture, utiliser des bateaux ou tenter d’escalader la clôture. Ils courent ainsi le risque d’être victimes de trafic et de violence.Cette personne a tenté d’escalader la clôture à Ceuta et montre ses blessures aux mains, décembre 2018 | Photo: M. Elshamy

 

L’indécision de l’Espagne

En 2005, les autorités ont commencé à installer du fil barbelé sur certains tronçons des frontières de Ceuta et Melilla, avant de le retirer deux ans plus tard face aux nombreuses blessures constatées chez ceux qui avaient réussi à passer la clôture.

En 2013, le barbelé a été réinstallé sous le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, avant qu’en 2015 et 2016 l’actuel président du gouvernement Pedro Sanchez ne fasse du retrait de ce barbelé une promesse de campagne. Depuis, les installations n’ont pas changé et la promesse est restée vaine.

Marion MacGregor 

Traduction : Marco Wolter

 

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